Reed Brody, avocat américain et défenseur des droits humains, a été interpellé mercredi soir au Tchad alors qu’il se préparait à présenter son livre intitulé « La traque d’Hissène Habré : juger un dictateur dans un monde d’impunité ». Selon des sources concordantes à N’Djamena, Brody a été escorté à l’aéroport et mis dans un vol à destination de Paris.

Le juriste de 71 ans devait animer un panel en collaboration avec Me Jacqueline Moudeina, une avocate tchadienne, également impliquée dans la défense des victimes de l’ancien président Hissène Habré. Me Moudeina a exprimé son incompréhension face à l’interpellation de Brody, déclarant à la presse : « J’ignore pour l’instant les raisons de son interpellation. » Elle a également rapporté que la conférence, qui se tenait au Centre d’études et de formation pour le développement (CEFOD) avec le soutien de l’ambassade des États-Unis, a été perturbée par une intervention policière qui a dispersé les participants.

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Reed Brody a été un acteur clé dans le processus qui a conduit au procès d’Hissène Habré, condamné en mai 2016 à la réclusion à perpétuité pour crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement. Ce procès s’est tenu à Dakar et a révélé des abus systématiques durant le régime de Habré, qui a dirigé le Tchad de 1982 à 1990. Une commission d’enquête tchadienne a évalué à 40 000 le nombre de victimes de la répression sous son régime. Habré est décédé en août 2021.

Cette interpellation soulève des inquiétudes quant à la liberté d’expression et aux droits humains au Tchad, un pays où des ONG dénoncent régulièrement des violations des droits humains et des répressions parfois violentes. En mi-septembre, l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) a signalé une hausse des arrestations et des détentions arbitraires par les services de renseignement tchadiens.

Alors que la situation se développe, le président Mahamat Idriss Déby Itno est actuellement en France pour le sommet de la Francophonie, où un entretien est prévu avec son homologue français Emmanuel Macron, selon un communiqué de la présidence tchadienne.