C’est une situation inédite depuis la prise du pouvoir par l’armée. Le secteur éducatif au Niger est à l’arrêt. Le mercredi 14 mai, le pays a connu une grève sans précédent de 72 heures menée par plus de 150 000 enseignants, paralysant de fait l’éducation publique dans tout le pays, des écoles maternelles aux instituts professionnels.
Pour la première fois depuis la prise de pouvoir par la junte, les 28 syndicats réunis au sein de la Dynamique des syndicats du secteur de l’éducation et de la formation ont répondu unanimement à un appel à l’action collective. Cette décision historique révèle des tensions croissantes entre les professionnels de l’éducation et les autorités de transition.
« La craie est tombée » à l’échelle nationale au Niger
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À Niamey et dans l’intérieur du pays, les salles de classe étaient désertes et les élèves renvoyés chez eux. Selon Laouali Issoufou, secrétaire général du Syndicat national des enseignants du Niger, la grève est respectée avec force, marquant une rare démonstration d’unité et de détermination parmi le personnel enseignant dans des conditions difficiles.
La déclaration collective des enseignants était claire et nette : « Nous posons la craie. »
Revendications fondamentales : dignité, justice et sécurité
Les revendications avancées par les syndicats en grève sont à la fois urgentes et emblématiques des défis systémiques :
- Intégration non compétitive des enseignants contractuels dans la fonction publique
- Paiement régulier et ponctuel des salaires et des arriérés
- Garanties de sécurité pour les enseignants dans les zones de conflit, en particulier dans les régions touchées par l’insurrection armée
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Ces revendications, affirment les syndicats, ont été à plusieurs reprises ignorées ou minimisées par les autorités, malgré leur impact direct sur la qualité de l’éducation et la sécurité du personnel.
Mardi 13 mai, l’Union démocratique des travailleurs du Niger (UDTN) a publiquement soutenu la grève, qualifiant les revendications de « justes et légitimes ». Cette solidarité intersectorielle suggère que la frustration suscitée par la gestion des questions de travail par le régime actuel s’étend bien au-delà du secteur de l’éducation.