À partir de juin, l’extraction artisanale de l’or est suspendue sur l’ensemble du territoire malien. Cette décision, annoncée mardi par les autorités en charge des mines, s’appliquera jusqu’au mois de septembre. Le gouvernement invoque des raisons de sécurité liées aux risques accrus durant la saison des pluies.
Chaque année, les précipitations intenses provoquent des éboulements, des glissements de terrain et l’affaissement des galeries souterraines dans les sites miniers artisanaux. Ces phénomènes naturels ont souvent entraîné des drames, avec des pertes humaines importantes. Les autorités ont donc jugé nécessaire de stopper toute activité artisanale durant cette période critique pour prévenir de nouveaux accidents.
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Ce moratoire sur l’exploitation artisanale s’inscrit dans une politique plus large de régulation du secteur minier. Déjà en mars dernier, le gouvernement malien avait interdit l’octroi de nouveaux permis d’exploitation artisanale à des ressortissants étrangers. Cette mesure faisait suite à une série d’accidents mortels survenus dans des sites exploités de manière informelle, souvent sans encadrement ni respect des normes de sécurité.
Le Mali reste pourtant l’un des géants africains en matière de production d’or. Le pays figure parmi les trois premiers producteurs du continent. La filière artisanale y tient une place non négligeable : elle génère environ 30 tonnes d’or par an, soit près de 6 % de la production totale du pays. Ce secteur fait vivre des dizaines de milliers de Maliens, notamment dans les régions rurales où les opportunités économiques sont rares.
Mais cette vitalité économique ne doit pas faire oublier les défis majeurs que soulève l’exploitation artisanale. En plus des risques humains, cette activité contribue à l’essor d’un secteur informel difficile à encadrer, parfois infiltré par des réseaux criminels ou exposé à des conflits fonciers. Les autorités cherchent donc un équilibre entre valorisation des ressources et protection des vies humaines.
La suspension temporaire annoncée pour l’hivernage (saison des pluies) est donc un signal fort : la sécurité des travailleurs prime, même au prix d’un ralentissement de la production. Reste à voir comment cette mesure sera appliquée sur le terrain, où le contrôle des activités artisanales reste souvent difficile, notamment dans les zones reculées.
Ce geste de prudence pourrait, à terme, ouvrir la voie à une réforme plus ambitieuse de l’orpaillage au Mali, dans le sens d’une meilleure structuration, d’une sécurité renforcée et d’une gestion durable des ressources naturelles.