Le départ officiel du groupe paramilitaire Wagner du Mali, annoncé le 6 juin 2025, ne marque pas la fin de l’influence militaire russe dans le pays. Bien au contraire les effectifs de Wagner sont tout simplement transférés à une nouvelle structure baptisée Africa Corps, bras armé réorganisé du Kremlin sur le continent. Cette manœuvre, plus cosmétique que stratégique, confirme la continuité de l’ancrage russe au Mali.
Depuis le renversement du pouvoir en 2020 et 2021, Bamako s’est détaché de Paris pour se tourner vers Moscou, qui n’a cessé de renforcer son partenariat militaire. Si Wagner représentait l’avant-garde de cette coopération, Africa Corps s’impose désormais comme sa vitrine officielle. Pour les autorités maliennes, rien ne change : « La Russie reste notre partenaire stratégique », affirme une source militaire locale.
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Sur le terrain, les hommes de Wagner ne quittent pas le pays. Ils conservent leurs positions à Bamako et dans les zones sensibles du Nord, intégrés sans rupture apparente à la nouvelle structure. Le message relayé par des canaux proches du groupe est clair : « Mission accomplie. La PMC Wagner rentre à la maison. » Une déclaration qui masque une simple mutation d’uniforme sous la même chaîne de commandement.
Africa Corps incarne la volonté du Kremlin de reprendre en main ses opérations africaines après le décès d’Evguéni Prigojine en 2023 et le démantèlement de Wagner. Contrairement à son prédécesseur, Africa Corps est sous contrôle direct du ministère russe de la Défense, gage de centralisation et de discipline.
Mais ce changement de façade ne fait pas oublier les controverses. Des ONG internationales continuent d’accuser les anciens membres de Wagner, désormais Africa Corps, d’exactions contre les civils. Officiellement, Bamako parle toujours d’« instructeurs russes », éludant la question des mercenaires.
Ce redéploiement illustre un tournant stratégique : la Russie consolide son influence dans les zones francophones du Sahel, profitant du vide laissé par les forces françaises. Le Mali, comme la Centrafrique ou le Burkina Faso, devient un pilier de cette présence militaire discrète mais décisive, rebaptisée pour durer.