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AES : Une stratégie sécuritaire commune en préparation

Les 18 et 19 juin 2025, Bamako a accueilli un rendez-vous crucial dans la construction d’une architecture sécuritaire propre à l’Alliance des États du Sahel (AES), réunissant le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Durant deux jours, à l’École de Maintien de la Paix Alioune Blondin Bèye, les experts militaires de haut rang des trois pays se sont réunis pour une session technique préparatoire, en vue d’harmoniser leurs approches de défense.

Cette rencontre s’est déroulée sous le signe du pragmatisme, avec trois priorités au menu : l’évaluation des opérations conjointes menées jusque-là, la définition des modalités de création de la future Force unifiée, et l’analyse d’un avant-projet de protocole additionnel sur la Défense et la Sécurité. Pour le Général de Division Sidiki Samaké, secrétaire général du ministère malien de la Défense, ces travaux posent les fondations d’un instrument commun de protection, plus proche des réalités opérationnelles. « L’heure est au réalisme et à l’unité d’action », a-t-il lancé, appelant à des propositions « claires, techniquement solides et immédiatement applicables ».

Urgence stratégique : une réponse concertée aux menaces hybrides

Face à une insécurité multiforme terrorisme endémique, criminalité transfrontalière, désinformation, cyberattaques — les représentants militaires de l’AES partagent une conviction forte : seule une action coordonnée permettra de contenir les menaces et de restaurer l’ordre. Le Colonel-major Jean Baptiste Kaboré, du Burkina Faso, a insisté sur l’urgence de donner un signal fort aux populations et aux groupes armés : « L’unité stratégique ne peut plus attendre. » Du côté du Niger, le Colonel Hamadou Djibo Bartie a plaidé pour une refonte des doctrines sécuritaires, capable d’appréhender la complexité des nouvelles menaces.

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Cette convergence de vues illustre une volonté commune de rompre avec la dépendance aux dispositifs étrangers, souvent critiqués pour leur inefficacité ou leur inadéquation aux réalités sahéliennes. En réponse, l’AES entend désormais développer une force régionale intégrée, réactive et autonome, s’appuyant sur les capacités locales et la solidarité interétatique.

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Une souveraineté sécuritaire en construction

Au-delà de la technique militaire, cette réunion a une portée hautement symbolique. Elle marque un tournant dans la trajectoire institutionnelle de l’AES, jeune confédération née de la volonté partagée du Mali, du Burkina Faso et du Niger de s’affranchir des structures régionales classiques. La logique de mutualisation et de souveraineté est à présent au cœur de leur projet sécuritaire.

La création d’une Force unifiée s’inscrit dans cette dynamique. L’objectif est de doter les pays membres d’un outil commun, capable de défendre efficacement les territoires, de sécuriser les populations et de préserver l’intégrité des institutions. Contrairement aux approches antérieures largement dictées de l’extérieur, l’AES assume pleinement la responsabilité de sa propre défense.

Les recommandations issues de cette session seront soumises dans les prochaines semaines aux ministres de la Défense de la Confédération. Elles devraient déboucher sur des décisions politiques majeures, dont l’officialisation de la Force unifiée et l’adoption du protocole additionnel relatif à la sécurité.

La session stratégique de Bamako s’impose comme une étape charnière dans la quête d’une sécurité durable au Sahel. Portée par une mobilisation régionale sans précédent, elle témoigne de la volonté des États de l’AES de construire une défense résolument tournée vers l’action, l’efficacité et l’indépendance. Dans un environnement marqué par l’instabilité, les violences et les crises humanitaires, ce processus pourrait bien constituer l’un des leviers les plus prometteurs pour une souveraineté retrouvée.

L’AES, bien que récente, semble décidée à reprendre le contrôle de sa destinée sécuritaire. Ce pari sur la résilience, la solidarité et la responsabilité régionale pourrait redéfinir, à terme, les équilibres de sécurité dans tout l’espace sahélien.

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