L’ambiance studieuse du Baccalauréat 2025 a été brusquement éclipsée par un acte de violence surprenant et préoccupant survenu à Yopougon Kouté, dans l’ouest d’Abidjan. Ce mardi 18 juin, au deuxième jour des épreuves, un candidat libre suspecté de tentative de fraude a agressé le président du jury du centre d’examen du Lycée municipal Pierre Gadié 1, dans le but de récupérer un téléphone portable confisqué plus tôt dans la journée.
Selon les premières informations recueillies par KOACI, le président du jury, après avoir terminé la collecte des copies d’examen, s’était engagé sur le chemin de son domicile à bord de son véhicule. C’est à ce moment que le candidat indélicat, visiblement déterminé à reprendre son bien, l’a suivi en toute discrétion, attendant l’instant opportun pour passer à l’acte.
Le scénario frôle l’invraisemblable : profitant d’un moment d’inattention, le jeune homme aurait ouvert en pleine circulation la portière arrière du véhicule 4×4 du responsable, en vue de s’emparer du téléphone et d’autres appareils saisis lors des épreuves. Pris de court et surpris par cette attaque, le président du jury aurait perdu le contrôle de son véhicule, qui a fini sa course contre un obstacle à quelques centaines de mètres du centre d’examen.
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Un choc psychologique pour le président du jury, un fuyard toujours recherché
Le choc est violent, tant sur le plan physique que moral. Bien que le président du jury n’ait subi que des blessures légères, les conséquences psychologiques sont loin d’être anodines. L’homme, selon des sources proches de l’enquête, est encore sous le coup de la stupeur. Les dégâts matériels sur le véhicule sont importants, témoignage direct de la brutalité de l’incident.
Quant à l’agresseur présumé, il a immédiatement pris la fuite après avoir récupéré les téléphones, échappant aux éventuels témoins de la scène. Une enquête a été ouverte par le commissariat du 17ᵉ arrondissement de Yopougon, qui a qualifié les faits de tentative d’agression et de délit de fuite. Les forces de l’ordre, aidées par des témoignages et des images de vidéosurveillance à proximité, ont lancé des recherches actives pour localiser et interpeller le suspect.
Cet acte, rarissime dans le cadre d’un examen national, soulève de vives inquiétudes sur la sécurité des personnels éducatifs et la pression exercée sur les candidats, parfois jusqu’à des comportements extrêmes.
Une affaire révélatrice des défis autour de la fraude scolaire
Si cette affaire suscite autant d’indignation, c’est qu’elle illustre de manière dramatique la persistance du fléau de la tricherie en milieu scolaire, notamment lors des examens nationaux. Les téléphones portables, de plus en plus sophistiqués, sont devenus des outils privilégiés de fraude pour certains candidats, malgré les multiples campagnes de sensibilisation et les mesures de surveillance renforcées.
Le ministère de l’Éducation nationale avait pourtant annoncé en amont du Bac 2025 un dispositif strict de contrôle, incluant la fouille systématique des candidats et l’interdiction formelle de tout appareil électronique dans les salles. Mais cette affaire montre que certains candidats sont prêts à tout y compris à mettre en danger des vies humaines pour contourner les règles.
Les syndicats d’enseignants, profondément choqués, ont exprimé leur solidarité envers le président du jury agressé et ont appelé les autorités à renforcer la sécurité des personnels mobilisés pour les examens. Ils demandent également une réflexion nationale sur les causes profondes de la tricherie, qui vont bien au-delà de la simple volonté de réussir.
Pour de nombreux observateurs, ce type d’incident est révélateur d’une crise des valeurs et d’une pression sociale exacerbée autour de la réussite scolaire. La question n’est plus seulement celle de la surveillance, mais de l’accompagnement des jeunes dans leur parcours éducatif et de la restauration de l’éthique dans le système scolaire ivoirien.