Diboli: Les djihadistes sèment la panique à la frontière Mali-Sénégal (vidéos)

Le mardi 1er juillet 2025, une attaque coordonnée d’une ampleur inédite a frappé la région de Kayes, dans l’ouest du Mali, à la frontière sénégalaise. Cette offensive simultanée, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), filiale d’Al-Qaïda au Sahel, cible stratégique et économique, vise notamment à déstabiliser les échanges entre le Mali et le Sénégal, en frappant la principale voie commerciale reliant Dakar à Bamako.

Les localités de Niono, Molodo, Sandaré, Nioro du Sahel, Gogui, Kayes et surtout Diboli ont été attaquées. Ce dernier, poste-frontière  par où transitent la majorité des camions sénégalais acheminant les marchandises vers le Mali, a vu ses activités fortement perturbées. Une source douanière confirme que le trafic a été « quasiment paralysé », mettant en péril l’approvisionnement de Bamako, en pleine saison des pluies, période où les routes deviennent difficilement praticables.

Kayes, chef-lieu de la région frontalière, a été l’un des épicentres de l’attaque. Des hommes armés, arrivés à bord de pick-up et de motos, ont mené des assauts simultanés contre le camp militaire, l’aéroport et la résidence du gouverneur. Selon des images authentifiées, le bâtiment du gouvernorat a été saccagé puis incendié. Cette violence manifeste confirme une implantation désormais assumée du GSIM dans l’ouest malien.

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L’état-major malien, par la voix du colonel-major Souleymane Dembélé, affirme avoir « neutralisé plus de 80 terroristes » et récupéré un arsenal conséquent, composé notamment de motos, de pick-up, d’armes légères, de radios et de munitions. Le GSIM, pour sa part, revendique le contrôle temporaire de plusieurs casernes et positions militaires, sans fournir de bilan chiffré.

Pour les analystes, cette offensive constitue bien plus qu’un coup de force militaire. « Le message est clair : le GSIM veut asphyxier l’économie malienne tout en s’approchant des frontières sénégalaises », analyse une source sécuritaire citée par Le Monde. Cette extension géographique vers le sud et l’ouest du pays représente un tournant dans la stratégie des djihadistes, traditionnellement concentrés dans le nord et le centre du Mali.

Le Timbuktu Institute, think tank basé à Dakar, a récemment alerté sur la montée en puissance du GSIM dans la région de Kayes, évoquant une multiplication par sept des attaques entre 2021 et 2024. L’attaque du 1er juillet marque ainsi une nouvelle étape dans leur volonté d’encercler progressivement Bamako, déjà cible d’attentats meurtriers fin 2024.

Au-delà du volet sécuritaire, cette offensive a de lourdes implications économiques et régionales. La route nationale 1, reliant Dakar à Bamako via Diboli, constitue une infrastructure essentielle pour l’approvisionnement du Mali, enclavé et dépendant du port sénégalais. La moindre perturbation de cette route pourrait avoir des conséquences majeures sur les flux commerciaux, les prix des denrées et la stabilité politique intérieure du Mali.

Cette attaque aux portes du Sénégal suscite une vive inquiétude à Dakar. Si la frontière est restée techniquement fermée par mesure de précaution, les autorités sénégalaises surveillent de près la situation, conscientes du risque de débordement dans leur territoire.

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