Alors que les chefs de la diplomatie du Burkina Faso, du Mali et du Niger poursuivent leur visite officielle à Moscou, la Russie a annoncé une intensification significative de sa coopération militaire avec les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Présentée comme une démarche en faveur de la « sécurité régionale » et d’un « réveil africain », cette initiative marque un tournant stratégique majeur.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, salue la création de l’AES comme une « rupture historique » et affirme que Moscou y voit une chance de redéfinir l’architecture sécuritaire de l’Afrique de l’Ouest. Mais derrière ce discours, les ambitions russes s’affichent sans détour : affaiblir l’influence occidentale et s’imposer comme un partenaire-clé dans une région en pleine recomposition géopolitique.
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Au cœur de cette coopération : des formations militaires, un soutien logistique accru, et la mise en place de rencontres annuelles entre la Russie et les pays de l’AES. Une dynamique de partenariat qui, pour certains, symbolise une souveraineté retrouvée. Pour d’autres, elle traduit plutôt un glissement vers une nouvelle forme de dépendance.
La question centrale demeure : cette alliance est-elle le socle d’une autonomie stratégique ou le visage d’une influence étrangère déguisée ? Alors que les régimes militaires du Sahel cherchent à légitimer leur pouvoir sur fond de rejet de l’Occident, le risque d’une militarisation durable et d’un affaiblissement des principes démocratiques inquiète.
Entre volonté de rupture et réalités géopolitiques, l’Afrique sahélienne navigue ainsi sur une ligne de crête. L’espoir d’un nouvel équilibre ne pourra se concrétiser que si les peuples restent au centre des décisions. Car c’est d’eux, en définitive, que dépend l’avenir de la région.