‘’Il faut souffrir pour être belle’’ et cette maxime bien qu’ancienne reste plus que jamais d’actualité. L’évolution de la société lui donne d’ailleurs une nouvelle direction, car désormais, c’est par d’autres moyens tout aussi discutables que la gente féminine cherche à plaire.
En effet, les filtres Instagram ne suffisent plus, car leur utilisation ne confère qu’une beauté virtuelle. Et pour coller impérativement à ces idéaux dans la vraie vie, les femmes africaines font de plus en plus recours à des opérations de chirurgie esthétique, dont le BBL. C’est donc tout pour l’apparence, mais comment en arrive-t-on là ?
BBL et Chirurgie esthétique expliqués
Très en vogue, le BBL (Brazilian Butt Lifting) est une opération de chirurgie visant à affiner la silhouette féminine en faisant augmenter le volume des fesses. Elle se fait par injection de graisse et les résultats de ces interventions sont souvent spectaculaires avec des fesses plus rebondies au niveau du galbe.
Quant à la chirurgie esthétique, elle désigne une plus large panoplie d’interventions destinées à modifier différentes parties du corps humain. La rhinoplastie (nez), l’augmentation ou la réduction mammaire (seins), le lifting du visage, la blépharoplastie (paupières), la génioplastie (menton) ou encore le lifting du ventre sont ainsi des opérations de chirurgie esthétique au même titre que le BBL.
Notons en outre que les prothèses en silicone sont parfois utilisées pour l’augmentation du volume fessier, ce qui constitue une technique alternative au BBL. Ces deux phénomènes enfin expliqués, il convient de noter qu’ils ont le culte de la beauté pour point de départ.
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Une nouvelle ère de beauté entre réseaux sociaux et influence
Les motivations derrière l’essor de la chirurgie esthétique sont diverses en Afrique où la critique tend à s’adoucir autour de ces opérations qui bénéficient progressivement d’une forme d’acceptation.
La gloire des réseaux sociaux
Avec Instagram en figure de proue, les réseaux sociaux fonctionnent à base d’algorithmes programmés pour mettre en avant le beau. Plus la photo est belle et évocatrice, plus elle récoltera de likes en étant mise en avant. Et le comble de nos jours, c’est que presque tout le monde vit de likes et d’attention sur les réseaux sociaux, mais plus encore, les influenceurs arrivent à transformer cet intérêt en fonds de commerce.
Dans cette profession, c’est notamment la course à celui qui aura la plus belle silhouette, car c’est la garantie d’avoir une communauté solide rien qu’en s’affichant. La quête à la popularité ou à un certain statut social représente ainsi l’une des causes de cette ruée vers le BBL.
En 2019, l’actrice et influenceuse gambienne Princess Shyngle se faisait enlever 5 côtes et une partie de son intestin grêle pour mieux affiner sa silhouette
Tout comme les stars
Les stars ont toujours défini les modes et les tendances et dans le cas de la chirurgie esthétique, ces personnages très populaires se sont encore érigés en précurseurs. Il existe ainsi de nombreuses silhouettes célèbres façonnées à coup d’opérations et les membres de la famille Kardashian en sont des références.
Le modèle de réussite de Kim et de ses sœurs inspire depuis les États-Unis et c’est sans complexe que la tendance s’étend désormais en Afrique subsaharienne. L’époque ou ce type de sujet était encore tabou semble désormais révolu, car les femmes ayant eu recours au BBL ou à la chirurgie esthétique s’assument désormais et parlent plus librement de leurs opérations. Des nombreuses stars nigérianes de Nollywood aux ivoiriennes Coah Hamond Chic, Emma Lohoues et Lolo Beauté, en passant par la sénégalaise Halima Gadji, la chirurgie esthétique a ainsi clairement fait des merveilles.
La coach ivoirienne Hamond Chic en mode post-opération
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Les motivations psychologiques
Se limiter à l’influence des réseaux sociaux et des célébrités pour expliquer le recours à la chirurgie esthétique serait incomplet. Derrière ces décisions, se cachent également des motivations psychologiques, comme le désir de se sentir mieux. Cependant, les raisons profondes restent personnelles et rarement dévoilées. Le regard des autres n’est donc qu’une cause parmi tant d’autres, car les aspirants aux bienfaits de chirurgie esthétique cherchent aussi à pouvoir s’extasier devant leurs miroirs.
« Mon opération a été un succès. Je me sens tellement bien dans ma peau. J’ai une belle silhouette, la forme que je voulais…C’est une décision personnelle mûrement réfléchie. « , déclarait par exemple la tiktokeuse ivoirienne Gaelle Taglao suite à son BBL.
Rappelons toutefois que les raisons psychologiques sont généralement indissociables des idéaux de beauté qui prévalent dans la société. Même si beaucoup de ces idées reçues sont vielles, force est de constater que les réseaux sociaux en ont fait un nouveau diktat.
La facilité d’accès aux opérations
Par le passé, les opérations de chirurgie esthétique ont pu coûter de petites fortunes et pour les candidats africains, la facture pouvait s’allonger davantage en raison du trajet requis vers les destinations occidentales. Toutefois, l’on assiste désormais à un allègement des conditions, notamment avec des coûts plus abordables et une libéralisation de la profession de chirurgien esthétique.
Les cliniques de ce genre se multiplient alors sur le continent, rendant les opérations plus accessibles. Le Maroc, la Tunisie et l’Afrique du Sud sont ainsi devenus des destinations de référence pour ce type de tourisme médical qui s’étend aussi au Sénégal, au Cameroun et à la Côte d’Ivoire depuis quelques années.
Belle à tout prix, mais à quel prix ?
Le BBL et la chirurgie esthétique peuvent être tentants, mais ces opérations ne sont pas sans risque. La plus grande peur des aspirants est de voir notamment leur opération rater, ce qui occasionnerait l’inverse du résultat attendu et exposerait davantage à des railleries.
De plus, l’après opération rime quelquefois avec l’apparition de cicatrices inesthétiques et des asymétries au niveau du corps. Mais en dehors de ces risques basés uniquement sur l’apparence, la vie des personnes opérées entre aussi en ligne de compte.
Le BBL est par exemple, souvent désigné comme l’opération de chirurgie esthétique la plus mortelle au monde. En effet, la graisse injectée au niveau des fesses peut dans certains cas obstruer la circulation sanguine et causer la mort du patient. Certaines études évaluent ce risque à 0,03 %, tandis que le taux de mortalité lié au BBL est estimé à 0,000067 % sur la base d’autres statistiques.
En outre, les cas de personnes mortes suite à des opérations de chirurgie esthétique font régulièrement l’actualité, montrant à quel point ces interventions peuvent se révéler dangereuses. Le 6 Janvier 2025, l’influenceuse mexicaine Asli Fernández décédait entre autres alors qu’elle se faisait opérer pour retrouver un ventre plat après une grossesse.
Et pour celles (ou ceux) qui y survivent, des effets secondaires comme les infections, les saignements, l’engourdissement ou encore les troubles de la sensibilité peuvent survenir. Pire encore, une intervention mal faite peut causer des troubles graves comme la paralysie, la septicémie ou des problèmes de vue. Le cas de l’actrice gambienne Princess Shyngle qui déclarait plus tard avoir des problèmes à porter un enfant peut aussi être cité ici en exemple.
S’assumer ou se laisser guider par la tendance ?
Difficile de répondre à cette question en raison des motivations personnelles qui guident généralement le choix de la chirurgie esthétique (tant qu’elle est faite pour le plaisir). De plus, les réseaux sociaux tiennent un double discours, car il faudrait tantôt s’assumer tel qu’on est, mais paradoxalement, l’acceptation de soi ouvre la voie aux railleries.
En effet, le body Shaming y est devenu presque banal et les moqueries incessantes sur le physique peuvent pousser à choisir la voie express vers la beauté. L’essentiel serait au final de bien se sentir dans sa peau peu importe ses choix, mais tout en se rappelant que la beauté n’est qu’un concept que la société nourrit à coup de préjugés.
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