Dans un contexte politique tendu à l’approche de la présidentielle ivoirienne d’octobre prochain, l’ancien chef d’État et président du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), Laurent Gbagbo, a accordé une audience de haute portée symbolique à une délégation officielle de l’Union africaine. Conduite par l’ambassadeur Mahamat Saleh Annadif, ancien ministre tchadien des Affaires étrangères, la délégation est venue s’enquérir des conditions de préparation de l’échéance électorale à venir.
Une diplomatie continentale en mode veille
L’Union africaine, fidèle à son rôle de garante de la stabilité démocratique en Afrique, a entrepris une série de consultations avec les acteurs majeurs du paysage politique ivoirien. Cette mission vise à prévenir les tensions et à favoriser un climat propice à une élection apaisée. C’est dans ce cadre que s’inscrit la visite chez Laurent Gbagbo, figure incontournable de la scène nationale.
L’entretien s’est déroulé au domicile privé de l’ancien président, dans une atmosphère à la fois détendue et solennelle. Gbagbo, fidèle à son franc-parler, a réaffirmé son attachement à un scrutin libre et équitable, insistant sur le respect des principes républicains et du pluralisme politique. Il a rappelé son ambition : contribuer à la réconciliation nationale à travers un processus électoral inclusif, sans exclusion ni manœuvres dilatoires.
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Un homme de combat, mais aussi de dialogue
Quelques jours auparavant, lors d’un meeting tenu à Port-Bouët, Laurent Gbagbo avait déjà averti : rien ne l’arrêtera dans sa volonté de se porter candidat, malgré les obstacles juridiques ou administratifs qu’il estime injustifiés. « On ira jusqu’au bout », avait-il lancé devant ses partisans galvanisés, dénonçant en filigrane les tentatives de verrouillage du jeu politique.
En recevant la mission de l’Union africaine, Gbagbo fait un geste fort. Il montre qu’il demeure un acteur central de la démocratie ivoirienne, à la fois résolu dans ses convictions et ouvert au dialogue avec les institutions continentales. Une posture qui contraste avec celle de l’exclusion et du rapport de force permanent.
Un message adressé à Abidjan comme à Addis-Abeba
Cette rencontre dépasse le simple cadre protocolaire. Elle envoie un message clair à la classe politique ivoirienne, au pouvoir en particulier : Laurent Gbagbo ne se laissera pas marginaliser dans le processus électoral. Elle s’adresse aussi à la communauté internationale et aux observateurs africains, en soulignant la volonté du PPA-CI de participer activement à une élection crédible et transparente.
Alors que la Côte d’Ivoire s’apprête à vivre une nouvelle séquence électorale décisive, cette audience marque une étape importante dans la consolidation d’un dialogue encore fragile, mais nécessaire. En tendant la main à l’Union africaine tout en réaffirmant sa combativité, Laurent Gbagbo joue une partition habile : celle du vétéran politique qui conjugue résistance et légitimité démocratique.