Côte d’Ivoire : Tiken Jah Fakoly prend position à l’approche de la présidentielle

Côte d’Ivoire : Tiken Jah Fakoly prend position à l’approche de la présidentielle

À moins de cinq mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, les tensions politiques se ravivent, alimentées par des rumeurs d’exclusions de figures de l’opposition. Dans ce climat électrique, la voix d’un artiste engagé résonne avec force. Tiken Jah Fakoly, figure du reggae africain et citoyen ivoirien profondément attaché à la paix, est sorti de son silence pour adresser un message direct aux dirigeants.

Dans une déclaration vidéo publiée sur ses réseaux sociaux, l’artiste dénonce la répétition d’un cycle qu’il estime dangereux : « Nous sommes tristes parce qu’on ne savait pas que ce qui se passe actuellement allait encore se passer. Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui ont été victimes d’une situation qu’ils veulent faire subir à l’opposition. »

Un cri contre l’oubli et l’impunité

Tiken Jah Fakoly se dit profondément meurtri par les drames politiques passés. Il rappelle les 3 000 morts de la crise postélectorale de 2010-2011, restés à ce jour sans justice, et les violences de 2020. Pour lui, il est urgent d’arrêter cette « saignée » qui ensanglante l’histoire politique ivoirienne.

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« Trop de morts. Trop de vies perdues en Côte d’Ivoire. Toujours à cause des hommes politiques », martèle-t-il, visiblement affecté. L’artiste invite à un changement de méthode, en privilégiant l’écoute, l’inclusion et la responsabilité des élites.

Un appel direct à Alassane Ouattara

Le chanteur ne s’est pas contenté de dénoncer : il a adressé un message explicite au président sortant, Alassane Ouattara. Estimant qu’un renouvellement de la classe politique est nécessaire, il a proposé un geste fort : « Si Laurent Gbagbo n’est pas candidat, il est important que lui-même ne soit pas candidat. » Une sortie qui rejoint les préoccupations d’une partie de l’opinion, en quête d’alternance générationnelle et de stabilité durable.

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Les artistes au cœur du débat démocratique

Ce n’est pas la première fois que la scène culturelle s’invite dans le débat politique ivoirien. Déjà en 2020, Meiway avait fermement dénoncé la candidature de M. Ouattara pour un troisième mandat, estimant que cela marquait l’échec du régime à préparer une relève compétente. « Si vous n’avez personne dans la jeune génération pour vous succéder, alors vous avez échoué », avait-il lancé dans une vidéo devenue virale.

Vers une présidentielle à haut risque ?

Alors que le processus électoral s’accélère, les interrogations demeurent : y aura-t-il une élection véritablement inclusive ? Les figures historiques comme Gbagbo ou Soro seront-elles autorisées à concourir ? Et surtout, le climat politique permettra-t-il une campagne apaisée ?

Dans un pays encore marqué par ses blessures, la sortie de Tiken Jah Fakoly sonne comme un rappel à la mémoire collective, mais aussi un appel solennel à ne pas répéter les erreurs du passé. L’avenir démocratique de la Côte d’Ivoire semble suspendu à la volonté de ses dirigeants de placer l’intérêt national au-dessus des intérêts partisans.

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