Depuis le mardi 13 mai 2025, les voyageurs étrangers sont formellement empêchés de se rendre dans la région du Tigré, au nord de l’Éthiopie. Cette décision, confirmée à l’AFP par Wondimu Asamnew, un proche de Debretsion Gebremichael leader du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) intervient sans communication officielle du gouvernement d’Addis Abeba. Toutefois, selon plusieurs sources, cette mesure émanerait du puissant Service national du renseignement et de la sécurité (NISS), dirigé par Redwan Hussein, proche du Premier ministre Abiy Ahmed.
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Alors que le Tigré tentait péniblement de se relever du conflit meurtrier ayant opposé, de 2020 à 2022, les forces fédérales au TPLF, cette interdiction constitue un revers important. La région, notamment la ville historique d’Axoum, voyait dans le tourisme une opportunité fragile mais réelle de relance économique. Le Bureau de la culture et du tourisme du Tigré a exprimé son profond regret, estimant que cette restriction freine les efforts de paix et d’ouverture engagés localement.
Deux ans après la signature de l’accord de paix, les relations entre le TPLF et le pouvoir central restent tendues, aggravées par les rivalités internes et une méfiance persistante. L’interdiction de voyage vers le Tigré et dans une moindre mesure vers l’Afar suggère que le gouvernement fédéral demeure inquiet d’un possible regain d’instabilité.
Cette décision unilatérale pourrait également avoir un impact diplomatique, à l’heure où l’Éthiopie cherche à redorer son image sur la scène internationale. En l’absence de justification claire, l’interdiction renforce les doutes sur la volonté réelle d’Addis Abeba de favoriser une réconciliation durable et inclusive. Le verrouillage du Tigré risque, à terme, d’alimenter les frustrations locales et de nourrir de nouvelles tensions dans une région encore meurtrie.