La nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le football camerounais ! Geremi Njitap, ancien capitaine des Lions Indomptables et président du SYNAFOC (Syndicat national des footballeurs du Cameroun), vient d’être suspendu pour cinq ans de toute activité liée au football par la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT). Cette lourde sanction s’accompagne d’une amende de 10 millions de FCFA.
Selon la FECAFOOT, la mesure disciplinaire fait suite à un incident survenu dans les vestiaires de l’équipe nationale, à Bouaké, lors du match Cameroun-Gambie à la CAN 2024. L’instance évoque une « violation des règles de conduite générale » et un « manque de loyauté ». Le secrétaire général du SYNAFOC, Maître Daniel Blaise Ngos, a lui aussi été suspendu, pour deux ans, avec une amende de 5 millions FCFA.
Le conflit SYNAFOC–FECAFOOT atteint son paroxysme
Cette affaire ne surgit pas dans un vide. Elle s’inscrit dans un conflit de plus en plus ouvert entre la FECAFOOT et le SYNAFOC, syndicat historique des joueurs. Fin 2024, la fédération avait retiré l’agrément du syndicat dirigé par Njitap pour lui substituer une nouvelle structure, l’ANFC, perçue comme alignée sur les orientations fédérales.
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Pour de nombreux observateurs, cette suspension vise clairement à affaiblir une voix critique du système, à un moment où Geremi Njitap était pressenti comme un rival potentiel dans la recomposition à venir des instances du football camerounais. Certains y voient une manœuvre politique, destinée à écarter un opposant influent à la gouvernance actuelle, dirigée par Samuel Eto’o.
Fait notable : la CAF elle-même aurait demandé l’arrêt de toute procédure disciplinaire contre Njitap, au motif que les faits se seraient produits dans le cadre d’une compétition continentale, relevant donc de sa juridiction. En choisissant de maintenir la sanction, la FECAFOOT brave ouvertement les consignes de la CAF, exposant le Cameroun à de possibles tensions avec l’instance continentale.
Vers une bataille juridique aux répercussions continentales
Jusqu’à présent, Geremi Njitap est resté silencieux. Mais selon plusieurs sources proches du dossier, un recours devant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) serait en préparation. Une telle procédure pourrait remettre en cause la légitimité de la décision de la FECAFOOT, d’autant plus qu’elle intervient dans un contexte de remise en cause croissante de la gouvernance du football camerounais.
Au-delà de la personne de Njitap, c’est la capacité des footballeurs camerounais à se défendre collectivement qui est menacée. L’affaiblissement du SYNAFOC, syndicat reconnu au niveau international, risque de laisser un vide dans la protection des droits des joueurs locaux, souvent confrontés à des conditions précaires.
En consolidant son autorité par l’exclusion de figures contestataires, la FECAFOOT donne l’image d’une structure verrouillée, peu encline au dialogue social. Si cette tendance se confirme, le risque est grand de voir l’environnement du football camerounais se refermer sur lui-même, au détriment de ses acteurs les plus vulnérables.
La suspension de Geremi Njitap marque un tournant décisif dans le rapport de force entre les institutions du football camerounais. Ce qui se joue dépasse largement le sort personnel d’un ancien joueur emblématique : il s’agit d’un bras de fer autour de la liberté syndicale, de la transparence et de la légitimité institutionnelle. Dans un pays où le football est un pilier identitaire, le dénouement de cette crise pourrait bien redessiner durablement les lignes du pouvoir sportif.