FECAFOOT : Samuel Eto’o confronté à une nouvelle affaire financière

FECAFOOT : Samuel Eto’o confronté à une nouvelle affaire financière

La Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) traverse une nouvelle zone de turbulences. Depuis plusieurs jours, des documents bancaires et administratifs, présentés comme authentiques, circulent sur les réseaux sociaux. Ils mettent en cause Samuel Eto’o, président de la FECAFOOT, dans la gestion de près d’un million de dollars issus de deux matchs internationaux disputés par les Lions Indomptables en 2023. Retour sur une affaire qui secoue le football camerounais et soulève de lourdes interrogations sur la gouvernance de l’institution.

Des virements suspects vers un compte personnel : l’étincelle de la polémique

Tout commence avec la révélation de documents montrant que d’importantes sommes, censées revenir à la FECAFOOT, auraient transité par le compte personnel de Samuel Eto’o, ouvert à la Qatar National Bank à Doha. Le premier cas concerne le match amical Cameroun–Mexique du 10 juin 2023, organisé aux États-Unis. Selon les pièces publiées en ligne, 500 000 dollars, destinés à la Fédération, auraient été versés directement sur ce compte privé.

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Le second épisode remonte au 12 octobre 2023, lors de la rencontre Russie–Cameroun à Moscou. Cette fois, la Fédération russe de football aurait viré 455 056 euros, soit la quasi-totalité de la somme convenue, sur le même compte personnel de Samuel Eto’o, à la demande d’un responsable de la Fecafoot, Benoît Angbwa, coordinateur général à l’époque.

Ces transactions, inhabituelles pour une organisation sportive de cette envergure, ont immédiatement alimenté les accusations de détournement de fonds et de gestion opaque. Les critiques fusent, s’interrogeant sur l’absence de transparence et le non-respect des circuits financiers officiels de la Fédération.

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La défense d’Eto’o : « Une solution pragmatique face à des contraintes exceptionnelles »

Face à la tempête médiatique, l’entourage de Samuel Eto’o a rapidement réagi, niant toute manœuvre frauduleuse ou enrichissement personnel. Selon leurs explications, la Fecafoot ne disposait pas du numéro fiscal américain (TIN) requis pour effectuer légalement des transactions financières aux États-Unis. Ce contexte aurait contraint la Fédération à utiliser le compte personnel de son président comme interface, une décision validée par le Comité d’urgence de la Fecafoot.

Pour le match contre la Russie, la défense avance des arguments similaires : du fait des sanctions internationales, la Fédération russe ne pouvait plus effectuer de paiements en dollars ou en euros. Les règlements devaient alors se faire en yuan chinois ou en riyal qatari. Or, la Fecafoot ne possédait aucun compte en devise convertible à l’étranger, d’où le recours, une fois encore, au compte personnel de Samuel Eto’o.

Les proches du président qualifient cette gestion de « pragmatique », insistant sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’une décision personnelle mais d’une adaptation à des circonstances exceptionnelles. Ils dénoncent une « cabale médiatique » et une campagne de désinformation orchestrée pour discréditer Samuel Eto’o.

Une gestion qui interroge : entre justification administrative et soupçon d’opacité

Si la défense de Samuel Eto’o s’appuie sur des arguments administratifs et juridiques, la répétition de virements sur un compte personnel, logé à l’étranger, continue d’alimenter la suspicion. Plusieurs observateurs et acteurs du football camerounais pointent une rupture avec les règles élémentaires de transparence et de bonne gouvernance.

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Traditionnellement, les fonds issus des matchs internationaux devraient transiter par les comptes officiels de la Fédération, permettant un contrôle clair et une traçabilité des recettes. Or, dans ces deux cas, les sommes ont échappé à tout contrôle institutionnel, renforçant le climat de méfiance déjà latent autour de la gestion de la FECAFOOT.

Ce mélange des genres, où l’intérêt privé se confond avec la gestion de fonds publics, suscite l’indignation d’une partie de l’opinion publique et des anciens internationaux. Beaucoup rappellent qu’à l’époque où Eto’o était joueur, il exigeait la transparence sur tous les contrats signés par la Fédération, une exigence aujourd’hui remise en question par sa propre pratique.

Un climat de crise et de défiance généralisée

Cette affaire intervient dans un contexte déjà tendu pour la FECAFOOT. Depuis l’arrivée de Samuel Eto’o à la tête de l’institution, des tensions internes, des démissions en cascade et des altercations publiques ont émaillé la vie de la Fédération. Plusieurs membres du staff administratif et technique ont dénoncé des conditions de travail difficiles et une gouvernance jugée autoritaire.

La succession de scandales et la récurrence des accusations de gestion opaque fragilisent la réputation de la FECAFOOT, compromettant sa capacité à attirer des sponsors et à organiser sereinement les compétitions nationales et internationales. Le malaise est tel que certains observateurs évoquent une crise profonde de gouvernance, où la confiance entre les différents acteurs du football camerounais semble rompue.

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Vers une clarification judiciaire ou institutionnelle ?

Face à la gravité des accusations, la question d’une enquête interne ou d’une saisine des juridictions compétentes se pose avec acuité. Plusieurs voix appellent à l’ouverture d’une procédure devant le Comité de discipline et d’éthique de la FECAFOOT, voire devant la justice, afin de faire toute la lumière sur ces transactions et de restaurer la confiance.

Pour l’heure, Samuel Eto’o et ses soutiens campent sur leur position, dénonçant une cabale et affirmant leur volonté de coopérer avec toutes les instances compétentes. Mais la pression ne faiblit pas, et l’issue de cette affaire pourrait bien redessiner le paysage du football camerounais.

Le scandale des virements sur le compte personnel de Samuel Eto’o met en exergue les failles structurelles de la gouvernance du football camerounais. Au-delà des justifications techniques avancées, l’affaire révèle un besoin urgent de transparence, de rigueur administrative et de séparation claire entre gestion privée et fonds publics.

La FECAFOOT, déjà fragilisée par les crises internes et les démissions, doit impérativement se réformer pour préserver la crédibilité du football camerounais sur la scène nationale et internationale. L’avenir de l’institution et la réputation de Samuel Eto’o, figure emblématique du sport africain, dépendent désormais de la capacité des instances à tirer les leçons de cette crise et à instaurer des mécanismes de contrôle efficaces.

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