Le président tunisien Kais Saied a officiellement pris ses fonctions pour un second mandat après une réélection controversée, ayant obtenu 90,7 % des voix. Cette victoire, survenue le 7 octobre, s’inscrit dans un contexte de répression prolongée et d’arrestations ciblées à l’encontre de ses opposants politiques. Dans son discours d’investiture, l’ancien professeur de droit de 66 ans a appelé à une « révolution culturelle » pour combattre le chômage, le terrorisme et la corruption, affirmant son souhait de construire un pays où chacun peut vivre dans la dignité.
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Saied a connu un premier mandat tumultueux, marqué par la suspension du Parlement, la réécriture de la Constitution post-Printemps arabe et l’incarcération de nombreux détracteurs issus de la politique, des médias et de la société civile. Il a justifié ces actions en les présentant comme nécessaires à la lutte contre la corruption et les ennemis de l’État, utilisant le populisme pour séduire des Tunisiens désillusionnés par les gouvernements précédents.
Dans son allocution, Saied a promis de s’attaquer aux « voleurs et aux traîtres à la solde des étrangers », tout en accusant des « forces contre-révolutionnaires » d’entraver ses efforts pour revitaliser l’économie tunisienne, qui traverse une crise profonde. Il a évoqué la complexité de sa tâche, décrivant les restes de l’ancien régime comme des « vipères » agissant dans l’ombre.
Malgré ses déclarations en faveur des libertés, la répression de la liberté de la presse demeure préoccupante. Des journalistes ont été empêchés de couvrir sa prestation de serment, suscitant la colère du Syndicat national des journalistes tunisiens, qui a dénoncé le « black-out » médiatique et les restrictions au travail journalistique. Cette situation soulève des inquiétudes quant à l’avenir des libertés civiles en Tunisie et à l’engagement réel de Saied en faveur d’une gouvernance transparente.