Dans un étrange rebondissement qui a enflammé les réseaux sociaux, un étudiant kenyan de 24 ans, David Mokaya, fait face à de graves ennuis judiciaires après avoir publié une fausse annonce de la mort du président William Ruto. Il a partagé en ligne une image d’un cortège funèbre, légendée avec audace : « Le corps du président William Ruto quittant les pompes funèbres Lee.»
Ce qui était probablement une satire politique s’est transformé en cauchemar juridique. Il a attiré l’attention des observateurs nationaux et internationaux. La publication est rapidement devenue virale et a suscité une vague de réactions avant que les autorités n’interviennent rapidement.
Satire politique ou délit ?
Mokaya a comparu devant le tribunal de Milimani à Nairobi le 29 mai, accusé de diffusion de fausses informations. Son avocat, Ian Mutiso, l’a fermement défendu, arguant que son client ne faisait qu’exercer son droit constitutionnel à la liberté d’expression.
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« Il s’agissait d’une satire, et non d’une déclaration de faits », a déclaré M. Mutiso, exhortant le tribunal à prendre en compte le contexte plus large du commentaire politique au Kenya. L’avocat a souligné l’importance de préserver l’espace pour l’humour et la critique politiques, en particulier dans une société démocratique.
Répression gouvernementale dans un contexte de tensions croissantes
L’arrestation de Mokaya intervient dans un contexte tendu au Kenya. Le gouvernement a intensifié sa répression contre la dissidence suite aux manifestations de masse contre les hausses d’impôts et la corruption généralisée – des manifestations qui ont tragiquement fait plusieurs morts. Les critiques affirment que l’administration cible ceux qui osent remettre en question le statu quo, notamment en ligne.
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Il ne s’agit pas d’un incident isolé. Ces derniers mois, plusieurs Kenyans auraient disparu dans des circonstances mystérieuses après avoir publié des contenus satiriques visant le président ou le gouvernement. Bien que les autorités nient toute implication directe, le président Ruto lui-même a publiquement reconnu ces disparitions et s’est engagé à empêcher que de telles disparitions ne se reproduisent.
La liberté d’expression d’un étudiant au procès
L’affaire Mokaya a été reportée au 31 juillet, mais elle continue de susciter le débat sur la frontière entre expression politique et comportement criminel. Nombreux sont ceux qui suivent de près l’affaire, se demandant si ce procès créera un précédent dans un pays connu pour sa culture numérique dynamique, mais de plus en plus menacée.