Le Maroc prend des mesures pour mettre de l’ordre dans le monde chaotique de l’influence sur les réseaux sociaux. Lors d’une annonce majeure faite lors d’une récente session de la Chambre des représentants, Mohamed Mehdi Bensaïd, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, a dévoilé son intention d’introduire un cadre juridique pour réglementer les influenceurs opérant dans le pays.
Cette initiative marque un tournant dans la gestion des créateurs de contenu numérique par ce pays d’Afrique du Nord. Face à l’essor du marketing d’influence, qui échappe parfois à tout contrôle, les autorités interviennent pour garantir que cette profession en plein essor respecte les valeurs nationales, les normes sociales et les limites légales.
De la liberté au contrôle : pourquoi le Maroc agit maintenant
L’essor des contenus non réglementés a sonné l’alarme à Rabat. Selon le ministre Bensaïd, de nombreux influenceurs marocains exploitent une faille juridique qui leur permet de publier des contenus controversés sans aucune responsabilité, voire aucune. Résultat ? Une vague de contenus en ligne qui, selon certains, nuit à la cohésion sociale et promeut des valeurs contraires à la culture marocaine.
LIRE AUSSI : Maroc : Les raisons derrière la nécessité du départ de Macky Sall
Les autorités citent plusieurs infractions, notamment l’atteinte à la vie privée, la diffusion de fausses informations et la propagation de contenus violents ou immoraux. L’exploitation de mineurs dans des publications visant à générer de l’engagement et des revenus est particulièrement préoccupante. Pour le ministre, il ne s’agit plus seulement de contenu, mais de protéger le tissu éthique de la nation.
Réformes juridiques pour étendre la portée de la HACA et taxer les revenus en ligne
Pour répondre à ces préoccupations, le gouvernement marocain prévoit de renforcer les pouvoirs de la Haute Autorité de la Communication et de l’Audiovisuel (HACA). Cette institution sera désormais en mesure de surveiller et de réguler les plateformes numériques, en définissant clairement des concepts clés tels que « œuvre numérique », « influenceur » et « contenu numérique ».
LIRE AUSSI : Buzz, clashs et nudité : Quand les réseaux sociaux font vaciller les valeurs africaines
De nouvelles obligations seront également introduites. Les influenceurs opérant sur le territoire marocain seront tenus de désigner un représentant légal basé dans le pays, à l’instar de réglementations similaires récemment adoptées en Europe. De plus, toute plateforme générant des revenus grâce à la publicité ou au contenu de marque sera soumise à l’impôt, une mesure visant à intégrer les revenus des influenceurs dans l’économie formelle.
Cette réforme est axée sur la professionnalisation du secteur de l’influence. L’objectif est de s’éloigner de la création de contenu incontrôlée et d’évoluer vers un système où les influenceurs sont soumis à des normes similaires à celles appliquées aux journalistes : responsables, éthiques et conscients de leur impact.