Depuis le 17 mai 2025, le visage de Ouagadougou s’est enrichi d’un monument de mémoire et de résistance : le mausolée de Thomas Sankara et de ses douze compagnons, assassinés le 15 octobre 1987, s’élève désormais sur le site symbolique du Conseil de l’Entente. Œuvre de l’architecte burkinabé Francis Kéré, lauréat du prix Pritzker 2022, cette structure imposante de plus de 70 mètres de haut prend la forme d’un œil ouvert sur l’avenir.

Lire aussi :Niger : Plus de 4 000 migrants en cours de rapatriement 

Bâti en blocs de latérite taillés, le mausolée allie simplicité et durabilité, en droite ligne avec la philosophie du père de la révolution burkinabè de 1983. Une rampe monumentale et treize marches descendantes incarnent le sacrifice des martyrs, tombés pour une Afrique libre et souveraine. Ce sanctuaire n’est pas qu’un édifice, il se veut lieu d’éveil, d’inspiration et d’ancrage historique. Pour le Premier ministre Jean Emmanuel Ouédraogo, il rappelle à la conscience collective « le combat pour la justice sociale et l’intégrité ».

Le monument est aussi un signal fort adressé à la jeunesse africaine. Alouna Traoré, survivant du massacre et ancien compagnon de Sankara, exhorte les nouvelles générations à se réapproprier leur destin : « L’heure de l’Afrique a sonné », clame-t-il. « Il est temps que nous sortions de l’infantilisation imposée par l’histoire coloniale. »

Dans cet esprit de reconnaissance, plusieurs rues de la capitale porteront désormais le nom des douze compagnons du leader révolutionnaire. Le Burkina Faso, en érigeant ce mausolée, renoue avec son passé pour mieux éclairer son avenir. Un avenir que Sankara rêvait libre, juste et ancré dans la dignité des peuples.