À quelques jours des Jeux olympiques de Paris 2024, l’histoire du premier africain noir médaillé d’or résonne toujours comme une victoire intemporelle. L’éthiopien Abebe Bikila avait en effet inscrit son nom dans les annales lors des jeux de Rome de 1960 et son héritage reste encore bien présent.
Une victoire de caractère
Aux Jeux de Rome de 1960, Abebe Bikila, jusque-là inconnu, crée l’exploit en remportant l’épreuve du marathon devant le marocain Rhadi Ben Abdesselem. Le 10 Septembre 1960, il devenait ainsi le premier africain noir médaillé d’or olympique et écrivait également l’histoire avec tact.
En effet, l’éthiopien était sacré non seulement champion olympique, mais il établissait aussi un record du monde en deux heures, 15 minutes et 16 secondes. Cependant, l’histoire ne retient pas que le record que venait d’établir Abebe Bikila, car celui-ci courait étonnamment pieds nus.
Bikila courant pieds nus avant son exploit historique
La situation était telle, car ses chaussures étant endommagées, l’athlète n’a pas voulu en porter de nouvelles qui auraient pu lui causer les ampoules. Tant d’éléments peu ordinaires qui ont fait de l’exploit d’Abebe Bikila, un récit parfait pour les annales. Mais par-dessus, la symbolique de cette victoire l’emportait sur l’aspect sportif.
Pour son exploit, Bikila courait à Rome, la capitale de l’Italie, un pays qui envahissait l’Éthiopie 25 ans plus tôt. Le coureur était devenu alors le premier africain noir médaillé d’or au nez et à la barbe de l’ancien colon.
Selon son compatriote et champion olympique Haile Gebrselassie, cet évènement de 1960 aurait d’ailleurs été déterminant dans l’avènement des indépendances sur le continent. « Si vous regardez ce qui est arrivé à l’Afrique, l’indépendance a commencé après la victoire d’Abebe Bikila à Rome », a-t-il déclaré.
Et Abebe Bikila a bien reçu les honneurs qui étaient dus à son exploit en tant que premier africain noir médaillé d’or. Il a dans un premier temps été accueilli en héros et selon le journal Kenyan Nation, il avait aussi été décoré de l’Étoile d’Éthiopie par l’empereur de l’époque, Hailé Sélassié.
Ce dernier lui avait également offert une maison, une nouvelle Coccinelle Volkswagen ainsi qu’une promotion au grade de caporal au sein de la garde impériale.
Un champion résilient
La suite de la carrière d’Abebe Bikila ne s’est pas faite sans encombre, mais il a toujours su triompher de l’adversité. Par la suite, il sera de nouveau médaillé d’or aux Jeux olympiques de Tokyo en 1964, un exploit consécutif dont il est le premier détenteur et aujourd’hui encore, seulement deux autres coureurs y sont arrivés.
Notons aussi que pour ce second sacre, le premier africain noir médaillé d’or avait dû relever un autre défi. En effet, il avait subi une opération d’urgence 40 jours avant l’événement, mais avait pu établir un nouveau record du monde en deux heures, 12 minutes et 11 secondes.
Rappelons qu’Abebe Bikila est aussi un champion sans appel, car il aurait remporté 12 des 13 marathons internationaux auxquels il a participé entre 1960 et 1966. Et même après son accident de 1969 qui l’a cloué dans un fauteuil roulant, il a choisi une reconversion plutôt que de tourner le dos à la compétition.
Il s’est lancé ainsi dans des disciplines comme le tir à l’arc, le tennis de table et dans certains jeux paralympiques où il a encore enchainé les victoires.
La reconversion d’Abebe Bikila dans le tir à l’arc
L’héritage du premier africain noir médaillé d’or
Les séquelles de l’accident d’Abebe Bikila auront fini par avoir raison de lui en 1973, année où il décède à l’âge de 41 ans. Cependant, il reste plus vivant que jamais à travers son héritage qui se compose d’une certaine façon des nombreux champions olympiques éthiopiens qui ont suivi.
Notons aussi qu’une journée de deuil national avait été décrétée à la mort du premier africain noir médaillé d’or qui a également eu droit à des funérailles nationales. De plus un stade porte le nom Abebe Bikila à Addis-Abeba de même que des écoles ainsi que des récompenses diverses.
La reconversion d’Abebe Bikila dans le tir à l’arc