Au Sénégal, la lutte contre la corruption franchit un nouveau cap avec l’inculpation d’Ismaïla Madior Fall, ancien ministre de la Justice sous Macky Sall. Accusé de tentative de corruption, il a été placé en résidence surveillée, sous bracelet électronique, par la Haute Cour de justice, une juridiction spéciale nouvellement mise en place pour juger les plus hauts responsables de l’État.
L’affaire repose sur les déclarations d’un promoteur immobilier et d’un ancien cadre de son propre ministère. Ils affirment que l’ex-garde des Sceaux aurait perçu une avance de 50 millions de francs CFA en échange de l’attribution d’un marché public lié à la surveillance électronique. L’intéressé, lui, réfute catégoriquement ces accusations.
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Ismaïla Madior Fall n’est pas un cas isolé. Plusieurs anciens ministres de l’administration Sall font l’objet d’enquêtes. Aïssatou Sophie Gladima, ex-ministre des Mines, a été écrouée dans une affaire de détournement de fonds destinés à un centre pour orpailleurs. Salimata Diop, ancienne ministre de la Femme, est également inculpée, soupçonnée de complicité dans une vaste affaire de surfacturation des dépenses publiques durant la crise sanitaire.
Ces poursuites illustrent la volonté affichée par les autorités sénégalaises de renforcer la transparence dans la gestion publique. Toutefois, le fonctionnement de la Haute Cour suscite des critiques. En l’état actuel, ses décisions ne sont pas susceptibles d’appel, ce qui pose un sérieux problème de respect des droits fondamentaux, selon plusieurs ONG.
Face à ces limites, des voix s’élèvent pour réclamer une réforme de cette juridiction afin d’assurer un véritable équilibre entre lutte contre l’impunité et garanties d’un procès équitable. Un test crucial pour la démocratie sénégalaise.