Soudan: plus de 2 ans de guerre, l’ONU dresse le bilan atroce

Après plus de deux ans de violences incessantes, le Soudan demeure une nation profondément fracturée, en proie à l’une des pires crises humanitaires de notre époque. Le conflit entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) a non seulement déchiré le pays, mais a également déplacé des millions de personnes, tandis que l’ONU met en garde contre une situation de plus en plus incontrôlable.

Malgré d’importantes campagnes militaires, les lignes de front n’ont pratiquement pas bougé. Le pays reste essentiellement divisé en deux : l’armée soudanaise, basée à Port-Soudan, contrôle l’ouest et le sud-ouest, tandis que les paramilitaires des FSR dominent l’est, y compris la majeure partie du Darfour et certaines parties du sud-est.

Khartoum reconquise, mais à quel prix ?

Lors d’un changement rare, l’armée a réalisé un gain symbolique en mars 2025 en reprenant le contrôle de la capitale, Khartoum, un champ de bataille clé depuis le début de la guerre. Elle a également repris le contrôle de l’État d’Al-Jazira, la zone agricole vitale du pays. Mais la paix reste un rêve lointain.

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Aujourd’hui, l’épicentre des violences s’est déplacé vers El-Fasher, la dernière grande ville du Darfour-Nord sous contrôle militaire. Les RSF y concentrent désormais leur offensive, propulsant la guerre dans une nouvelle phase brutale.

Pendant ce temps, le choléra se propage à Khartoum, conséquence néfaste de la contamination de l’eau et de la dégradation des infrastructures. Les informations faisant état de cadavres flottant dans le Nil et de fosses communes ont choqué les observateurs internationaux.

Une crise de réfugiés d’une ampleur inimaginable

Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), plus de 4 millions de Soudanais ont fui leur foyer depuis le début du conflit, ce qui en fait l’un des plus importants mouvements de réfugiés au monde aujourd’hui.

L’Égypte arrive en tête avec 1,5 million de réfugiés soudanais, principalement dans les quartiers les plus pauvres du Caire. Les liens linguistiques et religieux en ont fait la première destination, mais beaucoup décrivent des conditions inhumaines et une exploitation, notamment dans le secteur de la construction et des emplois en usine.

Le Soudan du Sud a accueilli plus de 1,1 million de personnes, dont beaucoup sont d’anciens résidents de retour dans un pays encore instable.

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Le Tchad a accueilli plus de 850 000 Soudanais, qui s’ajoutent aux 400 000 qui y vivaient déjà en raison des précédentes vagues de conflit au Darfour. L’ONU qualifie la pression sur l’est du Tchad d’« insoutenable ». La Libye, l’Éthiopie et la République centrafricaine accueillent ensemble plus de 370 000 personnes, mais les ressources et l’aide restent limitées.

« Nous ne pouvons couvrir que 14 % des besoins », déclare l’ONU

La réponse humanitaire est désespérément insuffisante. Dossou Patrice Ahouansou, coordinateur principal du HCR pour l’est du Tchad, a dressé un tableau sombre : « Nous ne pouvons répondre qu’à 14 % des besoins sur le terrain. La situation s’aggrave, au lieu de s’améliorer

Pour couronner le tout, les programmes médicaux des Nations Unies en Égypte ont été suspendus en mars 2025 en raison de coupes budgétaires, laissant des milliers de personnes sans soins de santé.

 

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