La récente vague de critiques sur les réseaux sociaux contre la communauté libanaise en Côte d’Ivoire ne se limite pas à une simple réaction à une rumeur de migration massive. Elle révèle un malaise profond, enraciné dans des décennies de coexistence parfois tendue. Ce ressentiment, cristallisé par des blogueurs et influenceurs ivoiriens, découle d’une situation complexe, marquée par une domination économique et une distance sociale.
La communauté libanaise, qui représente près de 100 000 personnes en Côte d’Ivoire, contrôle une part significative de l’économie nationale, estimée à 40 % du PIB. Leur influence est particulièrement visible dans des secteurs clés tels que l’immobilier, les transports, et la grande distribution. Cependant, cette prospérité n’est pas sans susciter des interrogations sur l’équilibre social. Nombreux sont ceux qui pointent du doigt la concentration des richesses et la privatisation de certaines zones d’Abidjan, où des quartiers entiers sont désormais entre les mains d’investisseurs libanais.
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Mais ce qui choque encore plus, c’est la mentalité de séparation choisie par cette communauté. En dépit de leur présence depuis avant l’indépendance, les Libanais ont développé un système parallèle : écoles privées, cliniques exclusives et événements communautaires distincts. Cette volonté de vivre à l’écart de la société ivoirienne traduit une perception de supériorité sociale et raciale qui aggrave les tensions.
Le ressentiment est exacerbé par le traitement réservé aux Africains au Liban, où le système de kafala, qualifié d’esclavage moderne, place les travailleurs africains dans une vulnérabilité extrême. Cette situation crée un sentiment de réciprocité manquante, alimentant les revendications de réciprocité en Côte d’Ivoire.
Pour une cohabitation pacifique et respectueuse, il est urgent que la communauté libanaise s’ouvre davantage à la société ivoirienne, respecte les principes d’intégration, et que des mesures strictes soient prises concernant l’acquisition de la nationalité et le traitement des ressortissants étrangers. La Côte d’Ivoire, fidèle à son hospitalité légendaire, mérite un respect mutuel qui reflète l’équilibre et l’égalité entre toutes ses communautés.