Le 6 juin 2025 s’inscrit comme une journée singulière au Togo, marquée à la fois par la célébration de la Tabaski fête musulmane majeure et par une mobilisation citoyenne inédite. Si les prières et les sacrifices rituels ont rythmé la journée dans tout le pays, un autre écho a résonné, plus sourd mais chargé de tension : celui d’un mécontentement populaire croissant.
Fête religieuse et message de solidarité
À Lomé comme à Kara, les fidèles ont afflué aux lieux de prière dès l’aube. La Tabaski, symbole de foi et de soumission à Dieu, est aussi un moment de partage familial et communautaire. Les autorités religieuses ont rappelé l’importance de la solidarité avec les plus démunis, dans un contexte social tendu.
Lire aussi : Côte d’Ivoire : plusieurs morts dans des affrontements dans une prison
Un anniversaire présidentiel au cœur des débats
Fait rare, cette Tabaski coïncidait avec l’anniversaire du président Faure Essozimna Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005. Ce croisement a déclenché une vague de messages d’anniversaire sur les réseaux sociaux, certains sincères, d’autres ironiques ou critiques.
À l’origine de cette agitation : le rappeur Aamron, aujourd’hui hospitalisé au centre psychiatrique de Zébé. Avant son arrestation le 26 mai, il appelait à « faire un cadeau au président », dénonçant en réalité vingt ans de pouvoir jugés stériles. Sa mise en détention a transformé son message en mot d’ordre de contestation.
Un climat de mécontentement numérique
Depuis le 1er juin, une mobilisation numérique portée par influenceurs et artistes a rassemblé plus de 23 000 internautes en direct, un record national. Sur les plateformes, les hashtags #TropCestTrop et #NousSommesFatigués traduisent une fatigue sociale aiguë, entre chômage, précarité et frustration politique.
Une date à surveiller
Le 6 juin 2025 s’impose donc comme une journée à double lecture : fervente et spirituelle d’un côté, inquiète et revendicative de l’autre. Si l’apaisement a dominé les rues en surface, la colère numérique et générationnelle, elle, ne cesse d’enfler.
Le Togo entre-t-il dans une nouvelle phase politique ? L’onde du 6 juin pourrait bien annoncer des répliques plus profondes. L’avenir proche le dira.