Et si les VPN gratuits n’étaient pas si rassurants que ça ?

De nombreux pays sont souvent tentés par la coupure ou la restriction de l’accès à internet. En 2018, l’ONG Access Now a recensé 196 interruptions d’accès à Internet dans 25 pays. Un chiffre porté à au moins 296 blocages en 2024 selon le rapport annuel sur les coupures de réseau, publié par la même organisation.

Ces restrictions s’expliquent par la lutte contre la désinformation, la prévention de la propagation de messages de contestation, ou la lutte contre la violence.

La liste des pays ayant déjà restreint l’accès à internet est longue : Inde, Soudan, Iran, Ethiopie, Myanmar, Côte d’Ivoire, Guinée, Mauritanie, Sénégal…

Face à cette réalité, faire recours à un VPN s’impose aux populations.

Mais en Afrique particulièrement, les VPN gratuits ont le vent en poupe. Ce qui s’explique par la faiblesse du pouvoir d’achat, l’utilisation poussive des cartes de paiement en ligne et le goût prononcé de tout service web gratuit.

En effet, l’usage des VPN (Virtual Private Network) gratuits avantage à plus d’un titre. Ils permettent de contourner les restrictions géographiques, de naviguer de manière anonyme ou d’accéder à des contenus bloqués.

Toutefois, derrière cette apparente liberté, se cachent de nombreux risques pour la sécurité, la confidentialité et la fiabilité de la connexion internet.

Nous vous faisons le point de quelques principaux dangers liés à l’utilisation des VPN gratuits. L’idée n’est pas de les déconseiller mais plutôt d’informer car l’information est un pouvoir.

Collecte et exploitation des données personnelles

C’est la base. Les data (données) nourrissent et font grandir de nombreuses entreprises de par le monde. Et il n’y a pas que les géants qui en profitent.

Les services de VPN gratuits doivent monétiser autrement leur activité. L’un des moyens les plus répandus est la vente des données personnelles des utilisateurs à des tiers (publicitaires, courtiers de données…). Cela comprend entre autres l’historique de navigation, les adresses IP, la localisation et les habitudes d’achat ou de consommation de contenus.

Même si le VPN promet une politique “no-log”, cette affirmation est souvent trompeuse, car la plupart des services gratuits conservent des traces d’activité.

L’exploitation aide donc les détenteurs de VPN à proposer des publicités de plus en plus ciblées. En d’autres termes, les données que vous souhaitez protéger en fuyant les restrictions sont toujours exposées dans le petit monde virtuel des VPN. Les trackers publicitaires suivent tout simplement les comportements en ligne pour cibler les utilisateurs avec encore plus de publicité.

Des problèmes de sécurité

Les VPN gratuits n’offrent pas toujours un chiffrement adapté. Cela veut dire que vos données peuvent être interceptées lors de leur transit, en particulier sur des réseaux publics (Wi-Fi). Certains VPN gratuits utilisent même des protocoles obsolètes ou non sécurisés, exposant ainsi les utilisateurs au vol de mots de passe et malheureusement à une surveillance par des cybercriminels.

Il arrive que le VPN censé cacher votre adresse IP réelle l’expose plutôt. Cela peut arriver dans le cas d’une fuite de données. Dans une situation comme celle-ci, adresse IP réelle, requêtes DNS ( historique de sites visités) se retrouvent sur la place publique.

Le scandale Hola en est un exemple mémorable. En 2015, le service VPN Hola a été accusé d’utiliser ses utilisateurs comme un réseau de botnet. C’est dire qu’au lieu d’agir comme un simple VPN, Hola utilisait les appareils de ses utilisateurs pour acheminer du trafic internet, potentiellement à des fins illégales, sans le consentement explicite des utilisateurs. 47 millions d’utilisateurs ont été impactés.

Finalement , la protection tant recherchée, l’anonymat tant convoité s’effrite.

Attention aux logiciels et applications malveillants !

De nombreux VPN gratuits, notamment ceux disponibles en téléchargement sur des app stores douteux ou hors plateformes officielles, intègrent des malwares. À force de chercher le VPN gratuit mais très performant, l’on peut tomber dans des pièges d’organisations peu scrupuleuses.

Ces logiciels et applications malveillants peuvent épier les activités, dérober des identifiants ou informations bancaires, envahir l’utilisateur de publicités.

Limites de bande passante et de vitesse, problème de mise à jour

Les VPN gratuits imposent souvent des restrictions importantes. Certains peuvent limiter les données mensuelles (ex. : 500 Mo ou 2 Go), d’autres peuvent réduire vitesses volontairement pour pousser l’utilisateur à souscrire à un forfait payant. Généralement, le souci le plus courant demeure les interruptions fréquentes et lenteurs extrêmes. Votre expérience utilisateur se transforme en frustration.

Selon plusieurs analystes, les services VPN gratuits n’ont généralement pas d’équipe de support client réactive ni de mises à jour régulières. Les failles de sécurité ne peuvent pas être corrigées le plus tôt. L’assistance en cas de problème peut laisser à désirer.

En un mot, internet n’est pas un monde de gratuité. Chaque chose a un coût même si cela ne se dit pas souvent. Une question devient alors si évidente : Faut-il sacrifier sa vie privée sur l’autel de la gratuité ?

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