Ce dimanche 18 mai 2025, la Tanzanie a refusé l’entrée sur son territoire à l’opposante kényane Martha Karua, 67 ans, figure emblématique de la scène politique est-africaine et candidate déclarée à la présidentielle de 2027 au Kenya. L’avocate devait assister en tant qu’observatrice au procès de Tundu Lissu, chef de file de l’opposition tanzanienne, inculpé pour trahison en avril dernier.
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Arrivée à l’aéroport de Dar es Salaam avec deux autres militantes des droits humains, également kényanes, Martha Karua a été immédiatement arrêtée, détenue pendant plusieurs heures, puis expulsée vers Nairobi. À sa descente d’avion, elle a dénoncé une dérive autoritaire : « Tundu Lissu n’a fait qu’appeler à des réformes électorales. Pourquoi empêcher des juristes étrangers d’observer un procès si tout est en règle ? », a-t-elle lancé, interpellant directement la présidente Samia Suluhu Hassan.
Le procès de Tundu Lissu, prévu ce lundi, intervient à un an des élections générales tanzaniennes. L’opposant a été interpellé après avoir publiquement exigé une réforme du système électoral, lançant le mot d’ordre « Pas de réformes, pas d’élections ». Le parti Chadema, qu’il dirige, a depuis été exclu du processus électoral pour avoir rejeté un nouveau code de conduite jugé non inclusif.
La société civile tanzanienne, par la voix de sa coalition pour les droits humains, a exprimé sa consternation, jugeant « choquante » l’interpellation des avocates kényanes. Le secrétaire général de Chadema a quant à lui dénoncé sur les réseaux sociaux « un simulacre de justice » et plaidé pour l’abandon des charges.
L’affaire Lissu prend ainsi une dimension régionale, cristallisant les débats sur la démocratie et l’état de droit en Afrique de l’Est.