L’affaire continue de faire couler beaucoup d’encre au Tchad. L’ancien directeur de cabinet du président Mahamat Idriss Déby, Youssouf Boy, condamné à cinq ans de prison pour corruption passive, a été officiellement transféré le 5 juin à la maison d’arrêt de Klessoum, après quatre mois de détention dans les locaux de la Direction générale des renseignements généraux. Un transfert attendu, mais terni par la libération simultanée de son accusateur, Adoum Hachim, lui aussi condamné à la même peine.
Une détention sélective
Selon des sources judiciaires, Youssouf Boy purge sa peine dans l’aile VIP de la prison de Klessoum. Ce secteur, réservé aux hauts responsables, dispose de conditions de détention privilégiées : grandes cellules climatisées, équipements modernes, et aucun contact avec les autres prisonniers. Ce traitement particulier n’a pas manqué d’alimenter les débats sur les inégalités devant la justice tchadienne.
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Une libération controversée
Le même jour, Adoum Hachim, homme d’affaires et principal accusateur de Youssouf Boy, a été remis en liberté pour raisons médicales. Son avocat évoque une affection cardiaque grave nécessitant une prise en charge à l’étranger. Mais cette décision surprend et scandalise les proches de Youssouf Boy, d’autant plus qu’une vidéo circulant sur les réseaux sociaux le montre détendu, en pleine discussion dans un salon luxueux de Ndjamena. Une image en totale contradiction avec le récit officiel.
Un dossier explosif pour le pouvoir
Cette libération sélective relance les accusations de justice à double vitesse. Le camp de Youssouf Boy dénonce une instrumentalisation politique du dossier et remet en question la sincérité des motifs de libération avancés. Pour beaucoup, cette affaire illustre les tiraillements d’un pouvoir en quête de crédibilité dans sa lutte contre la corruption, mais encore englué dans des pratiques opaques.
À Ndjamena, l’opinion publique reste divisée. Pour les uns, le procès de Youssouf Boy marque un tournant dans la volonté d’assainissement de la vie publique. Pour les autres, il s’agit d’un simple règlement de comptes dans les hautes sphères du régime.