À quelques mois de la présidentielle d’octobre 2025, le paysage politique ivoirien s’agite en coulisses. Selon des informations relayées par le média Africa Intelligence, des ministres proches du président Alassane Ouattara auraient été dépêchés à Paris pour y mener des consultations confidentielles. Si les détails de cette mission restent flous, son calendrier, lui, ne laisse guère de place au doute quant à sa portée stratégique.
Ce déplacement survient alors que le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir, s’apprête à tenir un congrès déterminant. L’un des enjeux majeurs de cette rencontre serait la désignation du candidat du parti pour l’échéance électorale à venir. Nombre d’observateurs s’attendent à ce qu’Alassane Ouattara, malgré son silence officiel, soit désigné comme porte-étendard du RHDP pour briguer un quatrième mandat. Une perspective qui divise profondément le pays.
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En janvier dernier, lors d’une déclaration publique, le président Ouattara avait affirmé qu’il demeurait « apte à servir », sans pour autant lever le voile sur ses intentions. Depuis, ses partisans ne cessent de réclamer son retour dans l’arène. Dans ce contexte, le voyage parisien de ses ministres alimente les spéculations : cherchent-ils des soutiens extérieurs ? Préparent-ils l’annonce officielle d’une candidature controversée ? Ou s’agit-il de sonder la communauté diplomatique et les partenaires économiques de la Côte d’Ivoire ?
Du côté de l’opposition, la mobilisation s’intensifie face à ce qu’elle considère comme une dérive constitutionnelle. Une large frange politique dénonce déjà une volonté de confisquer le pouvoir et rejette l’idée d’un quatrième mandat pour Ouattara. Parallèlement, les opposants se battent pour obtenir la réintégration sur les listes électorales de plusieurs figures écartées du jeu politique : Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro. Cette revendication, bien que non encore satisfaite, commence à tisser des liens de solidarité entre les différentes forces de l’opposition, autrefois divisées.
Toutefois, une grande inconnue demeure, c’est la position du PPA-CI, le parti de Laurent Gbagbo, qui observe jusqu’ici une certaine réserve. Selon des sources concordantes, l’ancien président pourrait bientôt rencontrer Tidjane Thiam, actuel président du PDCI-RDA, à Bruxelles. Une telle entrevue pourrait marquer un tournant décisif, posant les bases d’une alliance redoutable en vue de la présidentielle.
Ainsi, entre manœuvres feutrées à l’étranger et recompositions internes, la Côte d’Ivoire entre dans une phase politique sensible. Les mois à venir s’annoncent cruciaux pour dessiner le visage de l’alternance ou de la continuité. En toile de fond, l’enjeu dépasse les frontières nationales et capte déjà l’attention des partenaires internationaux.