La Gambie est de nouveau secouée par une controverse liée à l’héritage explosif de l’ancien président Yahya Jammeh. Le 11 mai dernier, le gouvernement a publié une liste de biens saisis et vendus, attribués à l’ex-dirigeant en exil depuis 2017. Cette démarche, menée sans communication claire ni concertation préalable, a provoqué une onde de choc dans le pays.
À Banjul comme dans d’autres localités, des voix s’élèvent contre ce que beaucoup qualifient de gestion opaque. L’opposition politique et plusieurs organisations de la société civile dénoncent le flou entourant cette opération. L’absence d’informations précises sur les montants générés, les acheteurs, ou encore la destination des fonds alimente les soupçons d’irrégularités.
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Des manifestations ont éclaté dans la capitale pour exiger des comptes. Les protestataires réclament une transparence totale dans la gestion des ressources issues de la vente et appellent à l’instauration d’un cadre juridique rigoureux pour encadrer les saisies d’avoirs publics. Certains y voient aussi une tentative maladroite de solder dans la précipitation les crimes économiques du passé.
Yahya Jammeh, arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1994, a dirigé la Gambie pendant 22 ans. Son règne a été marqué par la peur, les violations des droits humains, la corruption endémique et l’accumulation illégale de richesses. Depuis sa chute, plusieurs enquêtes ont été ouvertes pour retrouver ses avoirs mal acquis. Mais la manière dont ces biens sont aujourd’hui liquidés semble, pour beaucoup, raviver les plaies d’une époque que la Gambie peine encore à dépasser.