Le fléau de l’alcool frelaté en Afrique : Un poison en vente libre

Ce n’est un secret pour personne, l’alcool frelaté devient un problème de santé publique et ne cesse de prendre de l’ampleur en Afrique subsaharienne. Cela s’explique principalement par le fait qu’il est facile de se procurer ce breuvage bon marché et souvent vendu en petits sachets de moins de 200 millilitres, mais malheureusement frelaté.

 

Souvent mauvais pour la santé, ce faux alcool est produit illégalement, en violation des normes sanitaires et des règlementations en vigueur dans ce secteur. Il peut contenir alors des substances toxiques comme le méthanol, l’antigel ou encore les solvants qui y sont ajoutés pour décupler les effets. 

 

Les problèmes d’empoisonnement à l’alcool frelaté deviennent ainsi inévitables et encore plus fréquents depuis quelques années. Les drames répétés font de l’alcool contrefait un problème de société grave dont nous retraçons l’itinéraire dans ce dossier.

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Comment l’alcool frelaté progresse en Afrique ?

Des raisons allant du coût très faible au défaut de règlementation.

1. Accessibilité financière de l’alcool contrefait

 

Dans de nombreux pays africains, la pauvreté et l’absence de réglementation en sont les principales causes. Ces deux facteurs incitent les gens à acheter de l’alcool bon marché. 

 

Il y a ensuite les producteurs illicites qui fabriquent de fausses versions de marques populaires ou vendent des bières artisanales douteuses contenant des additifs dangereux. Ces produits sont souvent vendus sur les marchés informels, dans les stands de bord de route et dans les bars sans licence, ce qui les rend facilement accessibles aux populations à faibles revenus.

 

2. Faiblesse de la réglementation et de l’application de la loi

 

De nombreux pays africains ont des cadres réglementaires faibles. C’est tout contraire aux pays développés où la production d’alcool est strictement contrôlée. En Afrique, il y a beaucoup de corruption, pas assez d’application de la loi et un énorme marché informel de l’alcool. Tout cela rend très difficile le contrôle de la distribution de l’alcool frelaté.

3. Emballage et marques trompeuses

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Voici un autre point sur lequel les producteurs de l’alcool de contrefaçon trompent. Le produit est souvent emballé de manière à copier les marques légitimes. Il s’agit d’une stratégie de marketing qui trompe les consommateurs en leur faisant croire qu’ils achètent des produits sûrs. Un mauvais étiquetage, des fautes d’orthographe et des prix anormalement bas sont des signaux d’alarme courants, mais de nombreux consommateurs, en particulier dans les zones rurales, peuvent ne pas les reconnaître.

Les dangers de l’alcool frelaté sur la santé

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En vrai, d’aucuns savent que consommer ce produit de contrefaçon est un poison lent. Mais pourquoi faisons-nous la sourde oreille ?

 

Dans les détails, le méthanol, un alcool toxique utilisé dans des produits industriels tels que les antigels et les carburants, est l’une des substances les plus dangereuses que l’on trouve dans l’alcool frelaté. Si vous buvez du méthanol, vous risquez de vous retrouver à l’hôpital, voire de mourir.

 

En effet, vous risquez de souffrir de la cécité due à des lésions du nerf optique ou des douleurs abdominales intenses, sans oublier les vomissements et les vertiges. La défaillance des organes est également en jeu et la mort vous guette sans préavis.

 

Plusieurs pays africains, dont le Kenya, l’Ouganda et le Nigeria, ont connu des épidémies d’intoxication au méthanol. Des centaines de personnes sont mortes après avoir consommé de l’alcool frelaté.

 

De plus, l’alcool frelaté peut contenir des substances neurotoxiques. Celles-ci altèrent les fonctions cérébrales, ce qui entraîne des pertes de mémoire et un déclin cognitif, un risque accru de troubles mentaux (dépression, anxiété), des crises d’épilepsie et le coma.

 

L’alcool est souvent moins cher et plus accessible, de sorte que les personnes vulnérables, en particulier les jeunes et les chômeurs (sans rancune, ndlr), sont plus susceptibles d’en devenir dépendantes. L’absence de contrôle de la qualité signifie également que les gens peuvent consommer des concentrations d’alcool beaucoup plus élevées que prévu, ce qui accélère l’accoutumance.

 

Conséquences économiques et sociales

 

Comment parler de causes sans conséquences ? Vous devez savoir que les maladies et décès liés à l’alcool pèsent lourdement sur les systèmes de santé africains, déjà mis à rude épreuve. Les victimes perdent leur soutien de famille à cause de l’intoxication alcoolique, tandis que d’autres peuvent souffrir d’incapacités à long terme, les empêchant de travailler. Les gouvernements perdent également des recettes fiscales en raison du commerce non réglementé de l’alcool.

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Le commerce illégal de l’alcool est souvent lié au crime organisé, comme la contrebande et la corruption. En outre, une consommation excessive d’alcool peut entraîner une augmentation de la violence et de la violence domestique, des comportements à risque tels que la conduite après avoir bu, la non-utilisation d’un préservatif, la délinquance juvénile, l’abandon de l’école et nous en passons.

 

Notons aussi que la dépendance à l’alcool peut conduire à la stigmatisation sociale, autrement dit, vous pourriez être mis à l’écart et cela peut entraîner un sentiment d’isolement et même la rupture des liens familiaux. C’est vraiment triste, mais la plupart des personnes qui meurent d’un empoisonnement à l’alcool sont jeunes, et tout cela pourrait être évité.

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Crédit Photo : RFI

 

La contre-attaque des gouvernements africains

 

Plusieurs pays africains ont interdit les sachets d’alcool et renforcé les sanctions contre la production illégale d’alcool.

 

Le Kenya a par exemple interdit la vente d’alcool en petits paquets en 2015 et l’Ouganda a pris des mesures sévères à l’encontre des distilleries sans licence. Le Nigeria a quant à elle adopté des lois plus strictes en matière d’étiquetage de l’alcool, mais l’application de ces lois n’est pas pour autant uniforme.

 

Il est essentiel de s’attaquer à la production et à la distribution illégales d’alcool. Cela signifie qu’il faut faire des descentes dans les brasseries illicites. Certains pays, comme le Nigeria et le Kenya, le font déjà, parce que le problème y est plus grave. Nous avons besoin de sanctions plus sévères pour les contrefacteurs et les gouvernements doivent travailler de concert avec les agences internationales pour traiter ce problème alarmant de l’alcool frelaté.

 

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