Le débat sur la souveraineté monétaire prend une tournure décisive au Sénégal. Ce 14 avril, devant une Assemblée nationale attentive, le Premier ministre Ousmane Sonko a livré un discours sans ambages contre le franc CFA, qu’il qualifie de relique coloniale en inadéquation avec les aspirations du pays.
« Le franc CFA n’est pas adéquat à notre destinée », a-t-il affirmé, ajoutant que « le seul lien réel qui nous rattache encore à l’Europe, c’est cette monnaie ». Une déclaration forte, quelques jours après que le président Bassirou Diomaye Faye a lui aussi dénoncé les limites de cette devise commune, ouvrant la voie à un éventuel retrait si les réformes tardent.
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Si Sonko appelle à la prudence « un pays ne peut tout raser d’un coup » il pose néanmoins un ultimatum clair : « Soit la monnaie évolue, soit nous prendrons nos responsabilités ». Ce ton ferme dessine les contours d’une pression grandissante sur les institutions régionales, notamment l’UEMOA.
Longtemps dénoncé par Sonko lorsqu’il était dans l’opposition, le franc CFA est désormais ciblé par le gouvernement lui-même. Ce qui relevait d’une posture politique s’inscrit aujourd’hui dans une vision d’État, coordonnée au sommet.
Une transition monétaire est donc envisagée, à travers soit une réforme ambitieuse au sein de l’UEMOA, soit une sortie unilatérale si les obstacles persistent. Le Sénégal semble prêt à franchir un cap historique.
Ce discours marque un tournant. Le franc CFA, longtemps intouchable, est désormais remis en cause avec méthode. Une rupture est en marche, et elle pourrait bien redessiner l’architecture économique de toute la sous-région.