La Mauritanie est en deuil et indignée. La capitale, Nouakchott, a été le théâtre d’une puissante manifestation lundi matin, où des militantes des droits des femmes et des citoyennes concernées sont descendues dans la rue pour réclamer justice pour Hawa Traoré, une jeune femme enceinte de 18 ans, violée et assassinée brutalement.
Sa mort tragique a suscité une vague de colère, de frustration et un appel renouvelé au changement dans un pays où les violences sexuelles restent impunies.
L’histoire d’Hawa : Un crime horrible qui a révélé une crise plus profonde en Mauritanie
Hawa Traoré était enceinte de deux mois lorsque son corps a été retrouvé dans la chambre d’un homme avec qui elle aurait entretenu une relation. Selon la police, il aurait pris la fuite et, à la surprise générale, aurait informé sa famille du décès et de l’emplacement de son corps. Ce qui s’est passé dans cette pièce demeure un mystère accablant, mais le traumatisme qu’elle a laissé derrière elle est bien réel.
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Les militants soulignent qu’il s’agit là d’un cas loin d’être isolé. Les rues de Nouakchott résonnaient de chagrin et de fureur, tandis que les manifestants, dont beaucoup de femmes, scandaient des slogans pour la justice et exigeaient des changements structurels.
« Nous en avons assez de voir des filles mourir en silence »
Une manifestante, s’exprimant sous couvert d’anonymat avant le rassemblement, a exprimé la douleur collective de nombreuses personnes : « Nous avons décidé de manifester car ce n’est pas la première fois, ni la dernière, que nous voyons des jeunes filles violées et assassinées. Hawa était enceinte. Elle était allée à l’hôpital. Au lieu de cela, elle a été enfermée dans une pièce et tuée comme un animal. Nous en avons assez. »
Elle a également dénoncé la lenteur de la réaction policière, soulignant que le procureur était arrivé 24 heures après le signalement du crime. « Quel espoir de justice pouvons-nous avoir avec la lenteur du système ? » a-t-elle demandé.
Frustration accrue : les manifestants ont déclaré avoir été dispersés par la police, ce qui a renforcé les accusations de deux poids, deux mesures dans la gestion de l’indignation publique face aux violences sexistes par les autorités mauritaniennes.
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La féministe et militante mauritanienne Dieynaba Ndiom n’a pas mâché ses mots pour condamner le silence et l’inaction du gouvernement. « Des cas de viol se produisent tous les jours. Chaque jour », a-t-elle déclaré. « Et pourtant, aucune loi en Mauritanie ne définit le viol. Les femmes qui dénoncent un viol peuvent même finir en prison.»
Dieynaba exige des réformes juridiques concrètes, notamment une loi spécifique sur les violences sexistes, et le respect par le gouvernement des conventions internationales qu’il a déjà signées. « Combien de filles devront encore mourir avant que les choses changent ?» a-t-elle demandé.
Si le cas d’Hawa a déclenché les manifestations, la colère sous-jacente est bien plus profonde. Il s’agit d’un système qui ne protège pas les femmes, d’une société qui réduit souvent les victimes au silence et d’un gouvernement qui continue de fermer les yeux sur les violences sexistes.