Niger-Bénin : Le Général Tiani ravive les tensions

Dans un discours à la tonalité résolument offensive, le Général Abdourahamane Tiani, président de la transition au Niger, a récemment ravivé les tensions diplomatiques avec ses voisins et les puissances occidentales. Fidèle à une rhétorique souverainiste, le chef de la junte nigérienne dénonce une « stratégie concertée » de la France, de l’Union européenne et des États-Unis pour torpiller l’Alliance des États du Sahel (AES), qu’il perçoit comme un projet d’émancipation africaine.

Créée par le Niger, le Mali et le Burkina Faso, l’AES entend s’ériger en alternative à la CEDEAO, jugée par ces régimes militaires comme inféodée aux intérêts occidentaux. Tiani va plus loin, affirmant que le succès de cette confédération ferait des émules sur le continent. « Si l’AES réussit, d’autres pays d’Afrique voudront la rejoindre », prévient-il, craignant que cet élan panafricaniste ne soit perçu comme une menace par les anciens partenaires du Sahel.

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La posture du Niger vis-à-vis du Bénin cristallise davantage l’impasse diplomatique actuelle. Dans sa récente sortie, le Général Tiani a déclaré que la frontière entre les deux pays restera fermée « jusqu’à nouvel ordre ». Il accuse le Bénin de servir de base arrière aux forces françaises, qu’il soupçonne de chercher à déstabiliser le Niger. Selon lui, ce n’est pas contre le peuple béninois que la fermeture est dirigée, mais contre une ingérence étrangère orchestrée à partir de son sol.

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Talon Tiani 1

Ce durcissement des relations avec Cotonou intervient dans un contexte sécuritaire toujours préoccupant. Malgré les efforts des autorités nigériennes pour stabiliser le pays, les attaques djihadistes persistent. Tiani affirme que cette insécurité est exploitée pour affaiblir la légitimité de la junte. Il évoque même la présence d’« acteurs étrangers hostiles » comme facteur de blocage à la pacification du territoire.

Face à l’isolement croissant de son pays, le président de la transition semble déterminé à tourner le dos à l’ordre diplomatique traditionnel. Son gouvernement multiplie les ouvertures vers des puissances alternatives telles que la Russie, tout en cultivant une narrative anti-impérialiste qui séduit une partie de la jeunesse sahélienne, lassée des promesses non tenues des partenariats classiques.

Mais cette réorientation stratégique comporte des zones d’ombre. Elle pourrait accentuer l’asphyxie économique du pays, déjà sous sanctions, et compromettre des coopérations vitales pour le développement. La rupture assumée avec le Bénin, pays voisin et partenaire économique majeur, illustre cette logique de confrontation à court terme.

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Tiani okk

L’AES apparaît dès lors comme un pari à haut risque . Elle incarne un rêve d’unité et de souveraineté pour certains, mais inquiète ceux qui y voient une radicalisation des régimes militaires et une marginalisation croissante sur la scène internationale.

À l’heure où le dialogue régional est en panne, une question demeure : le Niger s’isole-t-il pour mieux renaître, ou s’enfonce-t-il dans une impasse périlleuse au nom de sa souveraineté ?

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