Les révélations concernant la production des passeports des membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) par la société française Idemia viennent secouer les relations déjà tendues entre Paris et Bamako. Alors que le Mali, le Burkina Faso et le Niger poursuivent une politique de rupture avec la France, notamment après la fin de la coopération militaire, un accord signé en 2015 avec une entreprise française pour la production de documents d’identification reste en vigueur jusqu’en 2025. Cette situation soulève de nombreuses interrogations sur la souveraineté de ces pays.
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L’accord entre Idemia et les membres de l’AES permet la livraison mensuelle de milliers de passeports. Cependant, ce partenariat avec une entreprise française se trouve au cœur des contradictions maliennes. Le Mali, dirigé par le général Assimi Goïta, qui a récemment quitté l’Organisation internationale de la Francophonie et critiqué les ingérences françaises, continue d’acheter des documents officiels produits par la France. Ce mélange de souveraineté affichée et de dépendance technique nourrit une incompréhension croissante sur la véritable indépendance du pays.
En dépit des tensions diplomatiques, les autorités maliennes n’ont pu échapper à cet accord déjà en place, qui reste fondamental pour la mise en circulation des passeports AES. Toutefois, cette situation n’est pas sans poser des défis, car les chancelleries internationales, notamment de l’espace Schengen, ne reconnaissent pas encore ces nouveaux documents de voyage, et le processus de validation par les autorités étrangères prend du retard.
La situation diplomatique avec la France se fait encore plus complexe : les relations entre les deux pays ont atteint un point de rupture après l’expulsion de l’ambassadeur français en 2022, et la réduction drastique des visas délivrés aux Maliens depuis lors témoigne de cette rupture. L’affaire des passeports AES s’inscrit ainsi dans un cadre plus large de contentieux juridiques et diplomatiques entre Paris et Bamako, rendant la normalisation des relations d’autant plus difficile.