Rencontre entre Mahamat Idriss Déby et François Bozizé : Vive inquiétude à Bangui

La rencontre tenue le 28 mai 2025 à Bissau entre le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno et l’ancien président centrafricain François Bozizé suscite des réactions contrastées. Initiée à la demande de Bozizé, aujourd’hui en exil en Guinée-Bissau, cette entrevue s’inscrit, selon la communication officielle de la présidence tchadienne, dans une logique de « préservation et de consolidation de la paix » entre les peuples tchadien et centrafricain.

Dans sa déclaration, le président Déby aurait exhorté François Bozizé à « s’inscrire dans une logique sincère de dialogue et de recherche de la paix », rappelant que « aucun sacrifice n’est de trop » pour y parvenir. Le chef de l’État tchadien affirme par ailleurs sa « disponibilité » à accompagner toute initiative allant dans le sens du rapprochement entre les Centrafricains, tout en élargissant cette volonté à « la stabilité dans l’ensemble de la sous-région ».

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Un message diplomatique fort, dans un contexte marqué par l’instabilité persistante en République centrafricaine et les tensions sous-régionales. Le Tchad semble ainsi vouloir endosser un rôle de médiateur, dans un espace où les équilibres sont fragiles et les dialogues politiques, souvent difficiles à nouer.

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Cependant, à Bangui, cette main tendue ne convainc pas tout le monde. Firmin Ngrebada, ancien Premier ministre centrafricain, n’a pas tardé à réagir, dénonçant ce qu’il considère comme une tentative de légitimation politique déguisée. À ses yeux, évoquer la paix en donnant la parole à un homme « qui a semé la guerre » relève d’une contradiction. Il évoque ainsi « une tentative de réhabilitation personnelle par les canaux diplomatiques » de la part de Bozizé, ex-chef de l’État chassé du pouvoir en 2013 et poursuivi depuis février 2024 par un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale spéciale de Centrafrique.

Selon Ngrebada, cette rencontre pourrait aussi cacher des ambitions plus stratégiques. Il y voit une manœuvre pour obtenir « un soutien logistique ou politique discret », permettant à François Bozizé de se repositionner sur l’échiquier centrafricain, alors que son exil semblait avoir mis fin à ses prétentions politiques.

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En l’absence de toute réaction officielle du gouvernement ou de la présidence centrafricaine, cette rencontre reste entourée de zones d’ombre. Elle soulève une interrogation de fond : s’agit-il d’un acte de médiation sincère porté par le Tchad, ou d’un calcul politique au service d’ambitions personnelles ?

Quoi qu’il en soit, cette initiative vient rappeler la complexité des dynamiques de paix en Afrique centrale, où les frontières entre diplomatie, réconciliation et stratégie politique sont souvent poreuses. Tandis que certains y voient une ouverture vers le dialogue, d’autres redoutent une nouvelle instrumentalisation des canaux diplomatiques au détriment de la justice et de la stabilité réelle.

 

 

 

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