Presque six ans après avoir quitté le pouvoir, Joseph Kabila refait surface là où le pays saigne à Goma, épicentre d’un conflit meurtrier opposant l’armée congolaise aux rebelles du M23. Une apparition publique, le 29 mai 2025, qui tranche avec la discrétion de son arrivée un mois plus tôt, et qui réactive à la fois les souvenirs d’un long règne et les spéculations sur un possible retour en jeu.
Dans une ville accablée par les violences, le silence de l’ex-président face à la presse n’a fait qu’amplifier les attentes. Lors d’une rencontre avec des chefs religieux, ces derniers l’ont explicitement appelé à « jouer l’arbitre » dans cette crise qui ébranle l’Est congolais. Un appel qui trouve écho chez certains habitants, nostalgiques d’un homme fort jugé capable de parler à tous les camps.
Lire aussi : Sénégal : L’ancien maire Barthélémy Dias crée son mouvement politique
Mais la méfiance persiste. Félix Tshisekedi, actuel président, l’accuse désormais de soutenir une insurrection armée, et le Sénat a levé son immunité, ouvrant la voie à des poursuites pour trahison. La figure de Kabila divise : visionnaire pour les uns, fossoyeur pour les autres.
À Goma, les avis sont tranchés. Si certains estiment que sa longue présidence ne lui a pas permis de stabiliser la région, d’autres voient en lui l’un des derniers à pouvoir décoder les dynamiques complexes de cette guerre. « Il connaît les réseaux, les acteurs, les blessures », confie un habitant.
Kabila revient sur une terre à feu et à sang. Son apparition n’est ni neutre ni anodine. Est-elle une manœuvre politique ou une médiation sincère ? La population, elle, n’attend ni calcul ni discours, mais un signal fort : le retour de la paix.