Le Mali vient de subir un revers militaire majeur. Dans une décision qui pourrait redéfinir les équilibres sécuritaires au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), la Russie a brusquement interrompu les discussions sur la fourniture de nouveaux aéronefs militaires à Bamako. Ce désengagement, officialisé par le ministère russe de la Défense, met un coup d’arrêt à une coopération jusque-là présentée comme stratégique entre les deux pays.
Les autorités maliennes, qui comptaient sur Moscou pour renforcer leur flotte aérienne, se retrouvent brutalement confrontées à une impasse logistique et diplomatique. Cette annonce survient dans un contexte tendu, marqué par des besoins accrus en matière de sécurité aérienne face aux menaces persistantes des groupes armés dans la région.
L’Algérie, nouveau favori du Kremlin ?
Selon plusieurs observateurs, cette volte-face serait le fruit d’un réalignement stratégique de la Russie vers des partenaires jugés plus solides. L’Algérie, poids lourd militaire du Maghreb, bénéficie depuis peu de la livraison de chasseurs de dernière génération, tels que les Sukhoi Su-35 et Su-57. En comparaison, le Mali ne dispose que de moyens limités, avec des appareils vieillissants comme les L-39C Albatros et quelques hélicoptères de combat Mi-35M.
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Cette asymétrie montre clairement que Moscou privilégie désormais des partenaires à la fois mieux dotés économiquement et politiquement plus stables, reléguant ainsi le Mali au second plan de sa stratégie africaine.
Une flotte clouée au sol
La situation s’aggrave encore avec l’arrêt des services de maintenance des avions L-39C par le constructeur tchèque Aero Vodochody. Ce retrait prive les Forces armées maliennes (FAMa) de tout soutien technique pour maintenir leur maigre capacité de projection aérienne, pourtant essentielle dans la lutte contre l’insécurité au Sahel.
La Chine, nouvel espoir incertain
Face à ce désengagement russe, Bamako explore de nouvelles pistes. Pékin apparaît comme un partenaire de rechange potentiel. Des échanges diplomatiques ont été engagés, avec en ligne de mire des accords de coopération militaire. Mais à ce jour, aucun contrat concret n’a été annoncé, laissant le pays dans une zone d’incertitude stratégique.
Des répercussions régionales à craindre
La baisse de la capacité aérienne du Mali pourrait affecter l’efficacité globale de l’AES, dont les forces doivent couvrir un vaste territoire en proie à l’instabilité. La fragilisation de l’armée malienne risque donc de créer une brèche dans le dispositif régional, au moment même où la coopération sécuritaire entre le Burkina Faso, le Niger et le Mali cherche à se consolider.
Un moment charnière pour Assimi Goïta
Le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, fait désormais face à un dilemme stratégique. Trouver rapidement un nouveau fournisseur militaire ou risquer de voir les capacités de défense du pays s’éroder dangereusement. Ce tournant révèle l’extrême vulnérabilité des États sahéliens face aux fluctuations des alliances internationales.
Dans un contexte de recomposition géopolitique accélérée, le Mali semble plus que jamais seul face à des choix cruciaux pour sa souveraineté et sa sécurité.