Dans une déclaration ferme diffusée jeudi soir sur la télévision nationale iranienne, le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi a confirmé que Téhéran refuse catégoriquement toute négociation avec les États-Unis, tant que les frappes israéliennes se poursuivent sur son territoire. L’homme fort de la diplomatie iranienne a tenu ces propos à la veille d’une rencontre cruciale avec ses homologues européens britannique, allemand et français ainsi qu’avec le haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères.
« Nous ne cherchons pas à négocier. Ce sont les Américains qui insistent pour ouvrir le dialogue. Ils nous ont envoyé des messages à plusieurs reprises, des messages très sérieux, mais notre réponse a été claire », a tranché Abbas Araghchi. Il a précisé que le contexte actuel marqué par des frappes israéliennes contre des sites sensibles et des cibles civiles ne laisse aucune place à la diplomatie.
Selon lui, la priorité du moment est la défense nationale face à une agression caractérisée. « Tant que l’invasion se poursuit, il n’y aura ni dialogue ni compromis. Nous sommes en légitime défense et notre réponse ne s’arrêtera pas », a-t-il déclaré d’un ton grave.
Une riposte iranienne sans précédent face aux pertes humaines
Les tensions sont montées d’un cran depuis l’attaque surprise d’Israël vendredi dernier, qui a visé des infrastructures militaires, des sites nucléaires et plusieurs personnalités clés du programme nucléaire iranien. En réaction, l’Iran a lancé une contre-offensive d’une ampleur inédite : selon l’armée israélienne, plus de 450 missiles et 1 000 drones ont été tirés vers Israël depuis le début de la semaine.
Si le système de défense antimissile israélien a intercepté la grande majorité des projectiles, au moins 24 personnes ont été tuées en Israël et des centaines d’autres blessées, selon des sources militaires. Côté iranien, le bilan est plus lourd encore : un groupe iranien de défense des droits humains basé à Washington a fait état d’au moins 657 morts, dont 263 civils, et plus de 2 000 blessés.
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Cette spirale de violence fragilise davantage la région, où chaque frappe, chaque riposte, rapproche le Moyen-Orient d’un conflit régional ouvert, redouté tant par les chancelleries occidentales que par les populations locales.
Une dénonciation virulente de l’hypocrisie occidentale
Au-delà du refus du dialogue, Abbas Araghchi s’est livré à une critique acerbe des États-Unis et de leurs alliés, qu’il accuse d’un double discours cynique. « Ce sont les Américains qui veulent aujourd’hui parler, alors qu’ils soutiennent activement un régime qui bombarde des hôpitaux, exécute des patients et rase des quartiers entiers », a-t-il déclaré. Il fait ici allusion à l’implication directe des États-Unis dans le soutien militaire et diplomatique à Israël.
Le ministre iranien a notamment dénoncé l’attitude d’Israël qu’il qualifie de « bourreau déguisé en victime ». Selon lui, l’indignation sélective de certaines puissances occidentales nuit gravement à la crédibilité du droit international. « Ils prétendent défendre la paix, mais ferment les yeux sur les atrocités de leurs alliés », a-t-il accusé.
Ces propos résonnent comme un appel à la communauté internationale à ne pas ignorer ce qu’il considère comme des crimes de guerre perpétrés avec la bénédiction des grandes puissances. Araghchi appelle à une pression globale pour exiger un cessez-le-feu immédiat et l’ouverture d’une enquête indépendante sur les victimes civiles en Iran.
Une Europe au milieu du gué
La rencontre prévue ce vendredi entre l’Iran et les représentants de l’Union européenne intervient dans un contexte diplomatique particulièrement tendu. Les Européens, traditionnellement plus modérés dans leur approche du dossier nucléaire iranien, se retrouvent coincés entre leur alliance avec Washington et leur volonté de désescalade.
Face à un Iran inflexible, ils devront redoubler d’efforts pour éviter que la crise ne dégénère davantage. Mais sans un arrêt immédiat des hostilités, le climat n’est guère propice à une relance des discussions sur le nucléaire ou la sécurité régionale.
Le refus iranien d’entrer en négociation, tant que les bombardements israéliens se poursuivent, souligne l’extrême gravité de la situation actuelle. En opposant une fin de non-recevoir aux sollicitations américaines, Téhéran pose ses conditions sans ambiguïté. La voie diplomatique semble désormais bloquée, au risque d’un engrenage militaire incontrôlable. Face à cette impasse, la communauté internationale est sommée de choisir entre complicité silencieuse ou action décisive.