La tension a dégénéré en effusion de sang à la prison de Bouaké, l’un des plus grands centres de détention de Côte d’Ivoire. Cinq détenus ont perdu la vie lors de violents affrontements avec les forces de sécurité pénitentiaires. L’incident s’est produit mardi lors de ce que les autorités ont décrit comme une opération de fouille de routine qui a mal tourné.
Selon le procureur Abel Nangbelé Yeo, l’affrontement a commencé lorsque le personnel pénitentiaire a tenté de procéder à une fouille de routine pour détecter des objets de contrebande. Les détenus auraient réagi avec hostilité, lançant une attaque contre les agents à coups de matraque, de machette et d’autres armes improvisées.
Des dizaines de blessés, dont des membres du personnel de la prison
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Le chaos a fait 29 blessés, dont six agents pénitentiaires et 23 détenus, ce qui a incité les autorités à prendre des mesures d’urgence pour reprendre le contrôle de l’établissement. Le parquet a indiqué que les agents ont été contraints de tirer des coups de semonce pour sécuriser leur retraite, sans toutefois fournir de détails précis sur les circonstances des cinq décès.
Lors de l’opération, les autorités ont saisi une importante quantité de produits de contrebande, notamment des blocs de cannabis, des comprimés de Tramadol, des téléphones portables et même trois grenades à main, soulevant des questions urgentes sur la manière dont ces objets dangereux ont pu pénétrer dans l’établissement.
Appel à la transparence à l’ouverture de l’enquête
Le parquet a ouvert une enquête officielle afin de déterminer les circonstances des décès et l’ampleur des failles de sécurité dans la prison. Les associations de défense des droits humains réclament déjà une transparence totale dans le traitement de cette affaire.
Cet incident met en lumière les problèmes systémiques profonds qui affligent le système pénitentiaire ivoirien, allant d’une surveillance insuffisante à une surpopulation dangereuse et à un marché noir florissant derrière les barreaux.
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Les conditions carcérales en Côte d’Ivoire sous surveillance internationale
Ce n’est pas la première fois que la prison de Bouaké fait la une des journaux. Plus tôt cette année, un détenu est décédé lors d’une tentative d’évasion, soulevant des questions sur sa sécurité et sa surveillance. Les organismes internationaux ont critiqué à plusieurs reprises les infrastructures pénitentiaires et les pratiques de la Côte d’Ivoire en matière de droits humains.
En 2023, le Comité des Nations Unies contre la torture a tiré la sonnette d’alarme concernant le « taux très élevé » de surpopulation carcérale, invoquant des conditions insalubres, une mauvaise ventilation et un manque de nourriture et d’eau. Le comité a également dénoncé la prévalence de la violence dans les centres de détention à travers le pays.