La tension monte entre Ouagadougou et Washington. Dans un entretien accordé à Sputnik Afrique, le président burkinabè Ibrahim Traoré a vivement dénoncé les propos du général américain Michael Langley, chef de l’AFRICOM, qui avait accusé début avril le régime burkinabè de détourner les ressources aurifères au profit du pouvoir en place.
Des accusations qualifiées d’“infondées” par le ministère burkinabè des Affaires étrangères, et désormais publiquement rejetées par le chef de l’État. Visiblement indigné, Traoré a exigé des excuses publiques, pointant une atteinte flagrante à la souveraineté du Burkina Faso. Il s’est également dit heurté par le fait qu’un haut gradé noir puisse, selon lui, relayer des discours visant à “diviser et discréditer” les États africains en quête d’autonomie.
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Traoré affirme que son gouvernement est le premier à constituer une réserve nationale d’or, sous contrôle du Trésor, rompant ainsi avec des pratiques antérieures d’opacité. Il estime que les critiques américaines s’inscrivent dans une logique d’ingérence, motivée par la perte d’influence de l’Occident dans la région au profit de nouveaux partenaires, notamment la Russie.
Loin de se contenter d’une riposte diplomatique, Traoré en a profité pour réaffirmer la ligne de son régime : restructuration des forces armées, industrialisation et relance agricole. Il assure que ce cap souverainiste dérange, mais qu’il répond aux aspirations profondes de la jeunesse burkinabè.
Pour le président, ce débat va au-delà de l’or ou des mots d’un général : il s’agit d’un combat pour l’indépendance réelle. Et sur ce point, aucune déclaration étrangère ne semble pouvoir le détourner de sa trajectoire.