Ce vendredi 13 juin 2025, la ville de Goma, épicentre des tensions récurrentes dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a été le théâtre d’une rencontre inédite et stratégique entre la Mission de l’ONU pour la stabilité au Congo (Monusco) et les représentants de l’AFC/M23. Près de dix heures de discussions à huis clos ont réuni les deux délégations dans un climat empreint de gravité.
L’ordre du jour de cette réunion n’a pas été communiqué officiellement, mais la présence de hauts responsables des deux côtés, ainsi que la durée exceptionnelle des échanges, laissent supposer des pourparlers sérieux autour des enjeux sécuritaires majeurs dans la région du Nord-Kivu, où les affrontements, les déplacements de populations et les tensions géopolitiques se multiplient.
À l’issue de la réunion, seule Bintou Keita, représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU et cheffe de la Monusco, s’est exprimée brièvement devant la presse locale. « Je suis venue à Goma dans un esprit d’écoute et d’échange », a-t-elle déclaré, soulignant que sa mission s’inscrit dans un moment critique, à la fois pour la RDC et pour l’avenir de la mission onusienne sur le terrain.
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Cette première rencontre officielle entre la Monusco et la rébellion du M23 depuis la prise de Goma en janvier dernier marque une étape notable dans le processus de dialogue indirect amorcé depuis plusieurs mois. Mme Keita a insisté sur le fait que la réunion s’inscrit dans « la continuité des efforts conjoints au profit de la population », une manière de rappeler que, malgré les divergences, l’objectif reste la protection des civils.
L’enjeu pour la Monusco est double : conserver sa crédibilité sur le terrain, alors que la pression populaire pour son départ reste vive, et préparer un rapport d’étape structuré pour le prochain briefing devant le Conseil de sécurité de l’ONU prévu le 27 juin, à New York. Cette audience pèsera lourd sur les futures décisions du Conseil quant à l’avenir du mandat de la mission.
Par ailleurs, cette rencontre précède de quelques mois l’Assemblée générale des Nations unies, prévue en septembre, où la situation sécuritaire en RDC devrait figurer parmi les dossiers sensibles du continent africain.
Dans un contexte où la Monusco a entamé un retrait progressif du territoire congolais, cette réunion à Goma pourrait marquer un tournant dans les relations entre les acteurs régionaux et la communauté internationale. Si elle n’a pas livré tous ses secrets, la longue séance de dialogue du 13 juin confirme que les lignes bougent à l’est de la RDC dans le silence des murs, mais sous l’œil attentif du monde.