La tension est à nouveau montée d’un cran dans le centre du Mali avec l’enlèvement d’Ousmane Kampo, maire de Konna, une commune située dans la région de Mopti. Surnommé « Naba » par les habitants, le maire a été enlevé alors qu’il travaillait dans sa rizière pour préparer la saison des pluies, une tâche courante dans une région rurale devenue tout sauf paisible.
Des témoins rapportent que des hommes armés sont apparus sans prévenir, ont arrêté le maire et l’ont emmené dans un lieu tenu secret. L’identité des ravisseurs n’a pas été officiellement confirmée, mais les soupçons portent fortement sur des éléments djihadistes, probablement liés au GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans).
L’accord précaire du Mali avec les djihadistes
Konna, comme des dizaines de villes du centre du Mali, avait conclu un pacte local précaire avec le GSIM afin de restaurer un semblant de stabilité. Aux termes de cet accord non officiel, les habitants acceptaient de se conformer aux règles strictes imposées par les djihadistes, notamment le paiement des impôts, la fermeture des écoles publiques et l’application de codes vestimentaires conservateurs, en échange de la liberté de circuler et de cultiver leurs terres.
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Cependant, l’enlèvement du maire Kampo souligne ce que beaucoup craignaient déjà : la trêve n’a jamais été pleinement respectée. « Il y a des hauts et des bas », a déclaré une source locale, illustrant la fragilité de l’accord.
Quelques jours avant l’enlèvement de Kampo, un jeune villageois avait également été enlevé, ce qui suggère que l’accord pourrait être en train de s’effilocher ou d’être appliqué de manière sélective, un phénomène courant dans les zones où l’influence djihadiste s’oppose aux vestiges de l’autorité de l’État.
Bien que le GSIM ait réorienté son action vers des cibles militaires, le groupe enlève ou assassine régulièrement des dirigeants civils locaux qui défient son pouvoir ou sont associés à l’État. Des élus, des enseignants, des préfets et même des passagers de bus ont tous été victimes de telles attaques.
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Ces enlèvements ne sont pas de simples actes de terrorisme ; ils sont un outil de contrôle et de négociation. Certains prisonniers sont exécutés, d’autres détenus pendant de longues périodes, et certains sont libérés après des négociations en coulisses ou le versement de rançons.
Dans des zones comme Boni et Konna, la présence de l’État est minime et les groupes djihadistes agissent souvent comme des autorités de facto. Les opérations de l’armée malienne, bien que fréquentes, n’ont guère contribué à freiner l’influence croissante des factions extrémistes.