Présidentielle 2025 : La France propose son appui au Cameroun

Alors que le Cameroun se prépare à tourner une page politique décisive en 2025, les signaux en provenance de Yaoundé montrent que la course à la présidentielle s’annonce non seulement intense, mais également marquée par des interférences extérieures. Le jeudi 22 mai, une rencontre confidentielle, mais lourde de sens s’est tenue entre Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, et le général Thierry Marchand, ambassadeur de France au Cameroun. Ce tête-à-tête, passé presque inaperçu dans les médias officiels, est pourtant riche d’enseignements.

Une audience discrète au timing stratégique

Officiellement, il s’agissait d’une « consultation technique » abordant les aspects préliminaires des scrutins présidentiels et régionaux. Mais dans le contexte actuel, alors que les inscriptions sur les listes électorales battent leur plein et que les intentions de candidatures se multiplient, ce rendez-vous prend une tout autre dimension. Le moment choisi interroge : à moins d’un an et demi de l’échéance électorale, la diplomatie française semble déjà à l’œuvre pour peser sur l’organisation des élections.

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Une assistance française à double tranchant

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Dans ses propos, l’ambassadeur de France à Yaoundé n’a pas caché la volonté de Paris de veiller à ce que tous les Camerounais, y compris ceux de la diaspora, puissent voter. Un message qui, s’il peut paraître louable dans une optique de transparence électorale, soulève néanmoins des doutes. Que signifie précisément cette volonté de « garantir » la participation ? S’agit-il d’une offre d’appui logistique ou d’un signal d’alerte à l’endroit du régime en place ? La question reste posée.

L’histoire des relations franco-camerounaises, marquée par une coopération étroite souvent critiquée pour son asymétrie, alimente ces interrogations. Et dans un contexte de montée du sentiment panafricaniste et de rejet de l’ingérence occidentale dans de nombreux pays de la région, cette implication prématurée de Paris pourrait être perçue comme une forme de néocolonialisme électoral.

Souveraineté en question

L’entretien entre le Minat et le diplomate français rappelle combien le Cameroun demeure un enjeu géopolitique majeur pour la France. Situé au cœur de l’Afrique centrale, disposant d’une armée structurée, de ressources naturelles stratégiques et d’un rôle stabilisateur dans la région, le pays représente pour Paris un partenaire incontournable… mais aussi un terrain sensible, où toute tentative d’influence peut vite se transformer en sujet de controverse.

À l’approche de 2025, le débat sur la souveraineté démocratique devient donc central. Le Cameroun pourra-t-il organiser un scrutin libre, inclusif et transparent sans pression extérieure ? Ou devra-t-il composer avec les desiderata de ses partenaires historiques, quitte à compromettre sa légitimité interne ?

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Le retour des ambitions françaises en Afrique francophone

Cette séquence camerounaise s’inscrit dans une dynamique plus large. Alors que la France fait face à un recul de son influence au Sahel et dans plusieurs anciennes colonies (Mali, Burkina Faso, Niger), elle semble vouloir préserver, voire renforcer, ses positions dans les pays restés « amis ». Le Cameroun apparaît comme l’un des derniers bastions diplomatiques stables de la France en Afrique centrale. Dès lors, la présidentielle de 2025 prend des allures de test stratégique, non seulement pour les forces politiques camerounaises, mais aussi pour l’avenir de la présence française dans la région.

À mesure que les échéances électorales se rapprochent, le climat politique camerounais s’électrise. La rencontre entre Paul Atanga Nji et l’ambassadeur de France agit comme un révélateur des enjeux souterrains : derrière les discours sur la démocratie et la coopération, se jouent des équilibres de pouvoir régionaux et internationaux. Le peuple camerounais, plus que jamais, sera appelé à vigilance, lucidité et exigence démocratique pour que le scrutin de 2025 ne soit pas seulement une élection, mais un acte souverain.

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