En janvier 2026, l’Ouganda va affronter un nouveau chapitre de son histoire politique. Le pays d’Afrique de l’Est se prépare à une élection présidentielle. À 80 ans, Yoweri Museveni, président depuis 1986, veut briguer un septième mandat. C’est donc un scrutin décisif pour le peuple ougandais dans un contexte politique tendu, marqué par des accusations de répression de l’opposition et des tensions croissantes.
Le pays se dirige clairement vers ce qui pourrait être une nouvelle étape de son histoire politique. Mais, la question qui se pose désormais est : l’Ouganda assistera-t-il à une transition démocratique ou à une consolidation du pouvoir autoritaire ?
Qui est Yoweri Museveni ?
Faisons un petit saut dans le passé pour parler de l’homme en question. Museveni est né en 1944 dans l’ouest de l’Ouganda. Après avoir étudié la géographie et l’économie en Ouganda et au Dar es Salaam (Tanzanie), il se lance dans une carrière politique en rejoignant le Front de Libération Nationale de l’Ouganda (FROLINOU) pour lutter contre le régime de Milton Obote. En 1981, après une brève pause en Tanzanie, il crée l’Armée de Libération du Peuple Ougandais (NALU), une organisation de guérilla qui sera à l’origine de sa victoire contre les troupes de l’armée ougandaise. En janvier 1986, Museveni renverse le gouvernement d’Obote, s’imposant comme président après la victoire militaire décisive à Kampala.
Il n’a pas toujours été contesté. En effet, sa prise de pouvoir a initialement été saluée comme une libération après les régimes violents qui se sont succédé en Ouganda depuis l’indépendance, notamment sous Idi Amin et Milton Obote. En 1986, Museveni avait promis de rétablir la démocratie et de lutter contre la corruption. Son accession au pouvoir était donc perçue comme un nouveau souffle pour la nation.
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Cependant, malgré ces débuts prometteurs, le régime de Museveni a évolué en un régime où les libertés civiles et politiques sont de plus en plus restreintes, selon bon nombre d’observateurs. Après plusieurs années de stabilité relative, de nombreux critiques dénoncent aujourd’hui un pouvoir toujours plus autoritaire et une gestion qui exclut toute opposition politique. À présent, dressons son bilan à la tête de l’Ouganda.
L’Ouganda sous Museveni
Sous cet ancien étudiant en géographie et économie, l’Ouganda a certes connu des progrès économiques notables, mais ces avancées ont été assombries par des préoccupations croissantes concernant les libertés politiques. Durant les premières décennies de son pouvoir, Museveni a été salué pour ses efforts de modernisation économique. L’Ouganda est devenu un modèle en matière de gestion de la crise du VIH/sida, avec des campagnes de prévention et un accès élargi aux traitements, contribuant à faire chuter le taux de transmission. Sur le plan économique, le pays a enregistré une forte croissance, notamment dans l’agriculture et l’industrie, avec une augmentation significative des investissements étrangers.
Cependant, ces avancées économiques ne sont pas exemptes de critiques. L’Ouganda reste l’un des pays les plus pauvres d’Afrique, et bien que la croissance ait amélioré les infrastructures et réduit la pauvreté dans certaines régions, une grande partie de la population reste encore exclue des bienfaits de cette modernisation.
La répression des opposants est l’une des caractéristiques les plus marquantes du règne de Museveni. Des personnalités politiques comme Kizza Besigye, ancien candidat présidentiel et leader de l’opposition, ont été victimes de harcèlements, d’arrestations et de traitements inhumains sous le régime de Museveni. Le cas de Bobi Wine, une star de la musique devenue l’un des opposants les plus virulents à Museveni, est particulièrement frappant. Bobi Wine a été arrêté à plusieurs reprises et violemment battu par les forces de l’ordre. Ces actions ne sont pas de simples anomalies, mais font partie d’un modèle systématique de répression de l’opposition politique.
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